Vous souvenez-vous, il y a quelques mois je vous proposais une série sur le thème de « l’amour perdu ». Je vous y racontais l’histoire de cette femme qui, passant par hasard dans un village, se souvenait d’un amant qu’elle avait eu et s’interrogeait sur l’échec de leur liaison.
La série que je vous montrais n’était qu’un premier jet et j’ai toujours en tête de la développer. En effet, le thème du romantisme m’intéresse beaucoup, car les sentiments qu’il véhicule sont forcément accompagnés d’une tension dramatique qui finit toujours sur la perte de l’être aimé. N’y voyez pas une corrélation avec mon propre vécu mais plutôt un moyen d’exprimer la fragilité du bonheur, cette mince ligne qui sépare le « j’aimerais » d’avec le « j’aimais ». J’explore donc diverses pistes de travail et je continue à me constituer une sorte de « bibliothèque » de photos prises à des moments différents mais toujours avec le même modus operandi : un format carré, mon filtre magique, le fameux bout d’emballage en plastique et souvent la proximité de la mer, à la fois tentatrice et dangereuse.
Ne cherchez pas dans les images qui suivent une suite à la série précédente, il s’agit d’une autre histoire que j’ai constituée. Dans la première série, la protagoniste parlait à la première personne (elle se souvenait). Ici, c’est moi qui raconte l’histoire de 2 êtres qui se sont séparés à cause de la mer, à cause de l’appel du large, à cause de cet irrépressible besoin de liberté qu’a l’homme tandis que la femme voudrait le garder dans son giron. Ici, je donne la raison de l’échec de leur liaison.
Voilà, je vous laisse en compagnie de nos deux amants. Je suis très curieuse de connaître l’interprétation que vous donnerez à cette série. Y voyez-vous une cohérence entre les photos, la séquence vous semble-t-elle bien ordonnée, la colorimétrie est-elle harmonieuse ? Bref, toutes les questions qu’un lecteur de portfolio doit se poser afin de pouvoir donner son avis sur une série !
Note
Cliquez ici : « Amour perdu » si vous souhaitez voir (ou revoir !) la première interprétation.
C’est une merveilleuse série! Que j’aime le rendu de ton filtre magique! On sent la nostalgie de ce couple. la force des sentiments qui se sont évanouient! J’aime tout particulièrement les 5, 6, 7!
tristesse, douleur. tes photos « font dur » pour reprendre une expression d’ici
Beaucoup d’émotions dans cette série, le rendu est en adéquation avec les sentiments d’amour et surtout avec la sensation de solitude après le départ de l’être aimé. Peut être suis-je trop terre à terre, mais il me manque l’amour des deux êtres en première image, ton histoire commence à l’envie de départ sans l’avoir évoqué avant.
c’est tres beau, très émouvant, très tendre et triste. Je rejoins Cath, il est dommage que l’on n’ait pas l’idée d’un couple au départ, ou 2 personnes séparées mais qui veulent se rejoindre malgré la mer, mais n’y arriveront pas. Dans ce portfolio, on a besoin de ton texte pour comprendre la séparation.
Kikou, et bien cet espèce de filtre éthérée est perturbant au premier abord ais il véhicule beaucoup de sentiments, j’ai même du mal à m’y retrouver…. J’aime beaucoup la première et la dernière photo, je le trouve très symbolique cet oiseau. Comme si la jeune femme qu’on voit semblait un temps se morfondre à cause d’un être aimé qui l’aurait fait souffrir et puis finalement, elle retrouve sa liberté d’être. C’est un peu confus ce que je dis et peut-être complètement à côté de la plaque. Mais c’est ainsi que je vois cette série et du coup, je la trouve chouette. 🙂
Bonjour à vous !
@ Françoise : merci pour tes compliments ! Ce filtre donne des images assez étranges et il demande IMPÉRATIVEMENT de les travailler en post-production car à la prise de vue en direct ça ne donne pas grand chose. Lorsque je l’utilise, j’anticipe donc énormément et je croise les doigts pour que ça fonctionne (et ça n’est pas donné !)
@ Dominique : c’est intéressant cette expression les photos « font dur ». Cela signifie qu’elles ne sont pas gaies, qu’elles rendent tristes ? C’est sûr que cette histoire n’est vraiment pas folichonne 😉
@ Cath : comme c’est intéressant ! Visiblement, la première photo t’évoque un départ alors que pour ma part, je vois une arrivée. En fait, voici comment j’ai constitué mon histoire :
– photo 1 : arrivée de l’homme annoncée par un oiseau (il vient vers nous dans l’image, c’est pour cela que je n’y vois pas de départ)
– photo 2 : L’homme et la femme se rencontrent sur le bord de la mer. D’un côté on aperçoit un bateau au loin et de l’autre une maison. Mais ces 2 éléments ne sont pas encore significatifs tant qu’on n’a pas vu la suite de la séquence
– photo 3 : Il y a une « maison » mais la photo est assez confuse et surtout cette maison semble être emprisonnée (il y a des barreaux, des lianes, les ombres sont denses. Elle est éloignée de la mer même si celle-ci est toujours présente.
– photo 4 : L’homme est dans le lit, nu. On sait ce que ça veut dire 🙂
– photo 5 : L’homme s’en va. On ne sait absolument pas où mais c’est vers un chemin si lumineux qu’on ne distingue rien.
– photo 6 : La femme est allongée. Vraisemblablement, elle est restée, elle. Elle nous tourne le dos et on ne peux donc qu’imaginer ses états d’âme.
– photo 7 : on retrouve l’homme qui a rejoint la mer. Il regarde vers le large. Comme il regarde vers la gauche, on peut imaginer qu’il regarde vers le passé et qu’il hésite. Pourtant, un bateau déjà est là.
– photo 8 : Ca y est, c’est fait, il a pris le large et est parti
– photo 9 : Il ne reste plus de lui que le symbole de l’oiseau du départ. Mais cette fois-ci, il s’est bel et bien envolé !
Bien entendu, chacun est totalement libre et maître de son interprétation. La mienne ne doit pas être au point tout à fait car elle vous a porté à confusion et surtout vous n’avez pas réussi à faire se rencontrer nos 2 protagonistes. Je pense que dès lors qu’on a besoin d’expliquer avec des mots une série pour la rendre compréhensible, c’est qu’elle n’est pas réussie. Donc Christine, le fait que tu me dises que tu as besoin de mon texte pour comprendre ce que j’ai voulu signifier est un message clair pour moi: il faut que je revoie ma copie ! Ici, c’est surtout au début qu’elle pêche il semble. Bon, et bien … au boulot !!
@ Plume et zoom : c’est très drôle ce que tu dis. D’après ce que je comprends, au début la série ne t’a pas plus inspirée que cela et puis finalement, en cherchant des indices pour comprendre tu as fini par y trouver ce que tu cherchais et du plaisir ! Tes impressions tiennent tout à fait la route d’ailleurs. Et bien vois-tu, c’est cela qui est intéressant aussi dans un portfolio : c’est essayer de trouver un sens à une série photographique et petit à petit y découvrir des éléments qui mis bout à bout finissent par retenir ton attention, voire t’intéresser, voire te plaire !!!
Je te corrige juste sur un point car il est vrai que je me suis mal exprimée : la série me plaisait dès le départ mais je n’arrivais pas à en disséquer exactement les sentiments qu’elles me faisaient ressentir, c’est en t’écrivant le commentaire que j’ai finalement réussi à ébaucher « l’histoire » ou l’impression qu’elle m’inspirait. 🙂
Bonjour Laurence,
j’aime le rendu de ton filtre qui donne cette impression de rêve éveillé, si touchant. Pour moi, je lisais: un oiseau, un lieu, au bord de la mer. Progressivement, on entre dans une maison. Là, un homme et une femme. Seuls et ensemble à la fois. Le partage et l’isolement mêlés. Une parmi les histoires qui peuplent cette ville, en bord de mer.
Et l’oiseau repartait ailleurs, vers un autre moment, quel que soit ce qui compose ce moment, dans cette ville.
J’aime beaucoup ce récit qui part du ciel, passe vers la mer, puis entre dans une maison, y circule, en ressort, repart vers la mer et s’envole ailleurs. Peut être est ce par les yeux de l’oiseau que l’on voyage?
Je n’ai rien lu des commentaires avant le mien. J’y vois, dans cette série d’image non pas une rupture mais un rêve, un de ceux d’avant réveil, il est déjà debout, elle sommeille encore et elle revoit la veille… Juste avant qu’ils n’entrent dans cet hôtel. Ils se sont retrouvés après une longue séparation et sont allés marcher au bord de mer, c’est ce qu’elle revit dans son rêve…
Quelles belle images évocatrices!
Mais… c’est flou ?!
🙂
Très chouette série, avec toute la liberté d’interprétation suggéré par la disfraction de ton filtre (le filtre à rêve, il casse la réalité trop nette pour laisser la place à l’imagination).
Pour ce qui est de la compréhension même de la série, je ne suis pas certain que je l’aurais compris ainsi si j’avais eu à la regarder sans ton texte. Elle est très cohérente, mais grace (ou à cause) du traitement et du filtre elle s’ouvre ausis beaucoup à l’interprétation du lecteur.
En fait, si tu voulais vraiment évaluer la compréhension d’une série par nous autres lecteurs il me semble qu’il faudrait nous la présenter brute, sans le texte. En tout cas dans un premier temps. En effet, comme j’ai lu tes lignes avant de faire défiler les images, mon interprétation était forcément orientée.
J’aime les contre-jours, j’aime les silhouettes, j’aime les flous, j’aime les tons bleutés & rosés, j’aime les nus à peine dévoilés … Après pour l’histoire … c’est chacun comme il sent, ressent ! Moi, j’y vois des vacances au bord de la mer, dans un bel hôtel, des vacances pleines de paresse et de sensualité … comme dans un cocon de volupté, des vacances hors du temps, comme dans un rêve dont on n’a pas envie de sortir … non ! non ! je ne veux pas me réveiller !!
Bonjour à vous !
Que vous dire si ce n’est que vous êtes libres, ô combien, de donner votre interprétation à cette série ! Qui la voit sombre et angoissante, d’autres romantique, d’autres douce ou encore sensuelle ! Je suis à la fois ravie et étonnée de constater cette multitude de sensations. Le point commun qui ressort malgré tout c’est la sensation de rêve (éveillé ou non d’ailleurs !) et l’utilisation de mon filtre y est, à mon avis pour beaucoup !
1000 mercis sincèrement pour votre contribution à mes élucubrations photogéniques. Il est évident que je vais tenir compte de vos remarques, et peut être notamment vous laisser une plus grande liberté la prochaine fois et que je n’ajouterai pas de texte.
A tout bientôt pour « la suite des aventures » 🙂
J’aime particulièrement les images de la femme nue à la fois douces et nostalgiques. Magnifique portfolio!
j’aime les couleurs, les atmosphères sont très poétique et nostalgiques.
C’est un amour presque extravagant que raconte cette série entre la fantaisie amoureuse et l’âpreté de la passion. On y sent du désordre extérieur, de la vitalité mais aussi cette nonchalance indispensable à l’harmonie. J’aime, un peu plus même, le personnage et la voile, qui me semble résumer une aventure à venir, un espoir au large des hommes. C’est très beau tout ça Laurence. Merci pour ce voyage et pour l’émotion.
Jonas
Tout d’abord bravo !
Ce portfolio est très cohérent dans le rendu.
Ensuite, ton texte introductif m’a bien aidé, en tant que point de repère, à me construire ma propre histoire à partir de ces photos.
Je lis ensuite ton commentaire où tu « racontes » finalement l’histoire telle que tu l’as imaginée.
J’en diffère finalement assez peu, si ce n’est peut-être :
– 1ère photo : comme je vois deux oiseaux j’y vois plus une parade « nuptiale », un jeu de séduction que l’arrivée de l’homme
– 4ème photo : je n’avais même pas percuté que c’était un homme sur la photo 🙁 (mais la symbolique reste identique avec une femme nue fumant une cigarette sur un lit 😉 )
Très beau boulot en tout cas, j’aime beaucoup.
[…] Une autre histoire romantique … […]
Merci Caroline !
valetanto, bonjour et bienvenue ! Merci pour vos si gentils mots 🙂
Jonas D. « Un espoir au large des hommes ». Comme c’est beau, comme tu écris bien. Cela m’inspire, vraiment !
Seb F : Une fois encore tu nous montres à quel point le lecteur est libre de s’évader dans ses propres interpétations. C’est vraiment drôle ton interprétation de la 4ème photo : tu n’as pas vu un homme mais une femme fumant une cigarette, alors qu’il s’agit bien d’un homme et de là à dire qu’il fume une cigarette … comment as-tu fais pour voir cette situation ? On ne voit absolument pas la cigarette ! Et pourtant, c’est vrai, tu as raison, il en avait bien une. Je suis toujours fascinée par ces facultés que nous avons à reconstituer des scènes ou des éléments à partir de presque rien. Comment faisons-nous ???
C’est la position de la main qui me fait dire cela je crois.
C’est typiquement comme cela qu’on tient une cigarette ; en tout cas, c’est comme ça que je l’ai interprété
Bonjour Laurence,
J’aime évidement beaucoup cette ambiance empreinte d’onirisme, presque à la frange du fantastique…Je pense à ces vers de Verlaine dans le recueil « jadis et naguère »:
« Ce sera comme quand on rêve et qu’on s’éveille, et que l’on se rendort et que l’on rêve encore, de la même féerie et du même décor. »…