Changement de cap et d’univers par rapport à mon précédent billet ! De la jungle luxuriante dirigeons-nous vers le monde froid du concept architectural contemporain …
Cette fois-ci, c’est à Singapour que je vous convie, et plus précisément sous les plafonds du bâtiment en passe de devenir le symbole de cette ville : le très fameux hôtel Marina Bay Sands.
Le melting-pot Singapourien
Mais avant tout, quelques mots sur cette ville-Etat. C’est la seconde fois que j’y vais, et autant la première fois j’avais été charmée, autant cette fois-ci la magie n’a que partiellement fonctionné. Bien sûr, c’est une ville très agréable, avec de nombreux quartiers qui illustrent à merveille le multiculturalisme unique du lieu : du style néoclassique anglais à Little India, China Town ou encore Arab Street, en quelques pas ce sont les parfums et les ambiances de toute l’Asie au sens large qui s’offrent à nous. Bien que la population soit très majoritairement chinoise, tout est écrit en 4 langues : l’anglais (la langue véhiculaire), le chinois, le tamoul et le malais. C’est dire si chaque communauté est respectée pour ce qu’elle est et ce qu’elle représente, et de ce point de vue, même si tout n’est probablement pas tout le temps idyllique, j’apprécie vraiment ce parti-pris politique instauré depuis l’indépendance de cette ville-état : les 4 langues figurent dans la Constitution. N’oublions pas que les Chinois, les Malais, les Indiens et les autres (occidentaux au sens large) ne partagent ni les mêmes valeurs, ni les mêmes coutumes, ni les mêmes langues, ni les même religions. Et pourtant ils cohabitent dans un des Etats les plus puissant, riche et développé au monde alors que ce même Etat ne dispose de rien, même pas de l’eau douce ! De quoi faire réfléchir les frileux de tous poils.
Il n’empêche que cette fois-ci j’ai clairement ressenti le côté plus obscur de la force 😉 Certes, Singapour est une ville extraordinairement propre, sûre, moderne, mais peut-être un peu trop à mon goût. J’y ai ressenti parfois un côté Disney Land, surfait. Comme si tout était constamment sous contrôle et que la spontanéité, la fantaisie était archi-codifiée par des lois fatigantes à la longue. Les Singapouriens illustrent d’ailleurs avec humour cet état de fait et leurs tee-shirt pour touristes en sont une belle démonstration 😉
Bref, pour résumer, je dirais que cette ville est très sympa, mais je ne m’y verrais pas couler des jours très heureux. Vous savez, c’est comme avec certaines personnes ; on apprécie d’aller boire un coup, de passer une soirée avec elles, mais de là à passer des vacances ensemble, c’est une autre histoire ! 😉
Le Marina Bay Sands
Voilà, cette petite introduction étant finie, venons-en au coeur de notre sujet ! La Matrice des maths !
Ahaha, pourquoi un tel titre ? Tout simplement parce que le détail architectural que j’ai photographié me fais réellement penser à un dédale d’équations qui aboutissent à des formes géométriques strictes, imbriquées les unes dans les autres, un mélange psychédélique de pierre philosophale et de Hal (2001 l’Odyssée de l’espace), à la fois rassurant, intrigant et … effrayant …
En fait, c’est plus ou moins ce que j’ai ressenti en pénétrant dans cet hôtel absolument gigantesque. Là, j’aurais pu être dans le film « Le 5ème Element » (excusez mes références de films qui datent sérieusement !), vous savez dans cette séquence qui se passe à bord d’un énorme vaisseau spatial fait pour les vacances de rêve (enfin, pas pour tout le monde 😉 ). Imaginez, 3 tours de 55 étages sur lesquelles est posée une plateforme de 1 hectare en forme de navire avec (entre autres) une piscine longue de 150 mètres, 2560 chambres, 1 centre commercial composé de 280 boutiques exclusivement de luxe, un casino géant, 2 grands théâtres, un palais des congrès, des restaurants, discothèques et même un musée (Musée des arts et de la science). Bref, démesuré et … archi tape à l’oeil … Voici une photo d’ensemble
Quand je vous dis que c’est bling bling … Et pendant qu’on y était, on s’est offert tout en haut un apéritif bling-bling – lounge en terrasse, jolie brise toute tiède, vue imprenable sur toute la ville, cocktail avec petite cerise pour madame et petit palmier pour monsieur, coucher de soleil, musique soft 😉
Entrons un peu dans ce complexe.
Je n’ai aucune idée de la partie du bâtiment où j’ai réalisé mes photographies … 1er, 2ème, 3ème ? Entre les tours ? C’est tellement grand !! On s’est d’ailleurs perdus et on a eu toutes les peines du monde à trouver la sortie …Mais je suis restée admirative d’un immense hall, ou plutôt de son plafond. J’ai été littéralement aspirée par cette pyramide architecturale.
La photo ci-dessus est la seule photographie d’ensemble et de référence que je peux vous proposer. Vous voyez à quel point les personnages sont petits ? Ce puit intérieur doit être plus grand que mon immeuble qui pourtant n’est pas de la gniogniotte, je vous assure !
Alors forcément, un tel lieu oblige à une petite pause graphique, voire abstraite ! Et c’est comme ça que je me suis retrouvée dans la matrice des maths 😉
Parlons technique et composition
Vous comprenez maintenant pourquoi il fallait que je vous re-situe le contexte ? Si je vous avais dit que ces photos sont celles du « plafond » d’un hôtel et que les lignes que vous voyez correspondent chacune à un étage et sont en fait des balcons, je pense que vous auriez eu du mal à comprendre 😉
Techniquement, j’ai dû monter mes iso (640 – ce qui est très haut pour mon vieil appareil photo qui provoque immédiatement du bruit) bien que mon diaphragme était ouvert un max (f/1,8). Compte-tenu de l’énormité du lieu, je n’avais pas de souci à me faire quand à la mise au point ou à la profondeur de champ ; de toutes façons, tout était très loin de moi, pauvre petite fourmi …
Ce qui m’a posé plus de difficultés, ça a été côté cadrage et composition. C’est que contrairement aux apparences, si tout est parfaitement rectiligne, le bâtiment n’est pas une pyramide parfaite et le sommet du « puit » (du plafond) n’est pas au centre. Par conséquent, je me suis constamment retrouvée avec un décalage assez déstabilisant, suffisant à mes yeux pour « casser » l’harmonie graphique et créer un déséquilibre, certes pas très très important, mais tout de même présent.
Dans le cas de la photo 1, ayant opté pour une composition en diagonale, je me suis affranchie de tout problème de « rectilignitude » (ce mot n’existe pas, mais vous comprenez ce que je veux dire ? 😉 )
En ce qui concerne la photo 2, j’ai choisi de me positionner de manière à obtenir une composition à la fois au tiers vertical (le poteau blanc) et horizontal (la ligne sombre du faîte). À mes yeux, ce choix tient parfaitement la route et je trouve que c’est une photo plutôt bien réussie.
Passons à l’auto-critique
Par contre, vous voyez les problèmes sur les photos 3 et 4 ? Tout d’abord je n’étais pas positionnée exactement sous le poteau blanc (appelons-le Poutre). Même si c’est infime, ça casse à mon avis le graphisme ultra-précis que cette architecture appelle. Dans le cas de la photo 3, bien que j’ai placé le faîte parfaitement au centre, la poutre elle n’est pas exactement symétrique – la pente du toit est plus importante à gauche qu’à droite. Ce n’est pas de ma faute, c’est l’architecte qui a fait les choses comme ça hein ! 😉 Le résultat avec cette composition n’est pas super top et il y a une sensation d’imperfection, de déséquilbre qui à mon avis ne sert ni mon idée (la matrice mathématique …) ni l’architecture.
Quant à la photo 4, j’ai penché mon appareil photo de manière à saisir un 3ème côté de la pyramide. L’idée n’était pas mauvaise mais la réalisation … à améliorer. Vous pouvez constater que le fait d’avoir penché mon appareil photo a eu pour effet de déformer les bords. C’est plus un problème lié à la perspective qu’à mon objectif (45mm). À part la ligne du faîte qui est parfaitement verticale au centre, les autres lignes verticales semblent converger en bas. Mais pas suffisamment à mon goût, c’est un peu ni fait ni à faire. En fait, ce que j’aurais dû également faire, c’est me déplacer de manière à carrément accentuer l’effet de déformation de la perspective car avec la même composition, j’aurais dû pencher d’avantage mon appareil. Et je pense que là, ça aurait été plus intéressant.
Affirmer et assumer ses choix
La morale de l’histoire, c’est que comme toujours je suis plutôt partisane d’une photographie exigeante où le photographe doit clairement montrer son intention, quitte à ce qu’elle soit provocatrice. À mes yeux, cette photo 4 est typiquement le genre de photo pas mal, mais à laquelle il manque la force de la prise de position, de point de vue, de conviction. Trop de petites erreurs et d’approximations l’émaillent pour en faire ce que j’appelle une « bonne » photo.
J’ai également essayé le format carré avec à nouveau l’option diagonale (photo 5), mais cette fois-ci en y intégrant un premier plan moins graphique avec les branches de cet arbre. Le résultat est pas mal mais là aussi la composition pêche à mon avis par manque de rigueur. La diagonale aurait dût être carrément diagonale ou carrément pas. Là, ce n’est pas ultra précis. Quel dommage, il m’aurait juste suffit de tourner d’un chouilla mon appareil photo ! Et là, difficile de réparer mon erreur en post production sans perdre le graphisme des carrés des bords (croyez-moi, j’ai essayé 😉 ). La morale encore une fois ici, c’est que dans une situation comme celle-ci, où le sujet ne risque pas de partir ;), il faut vraiment prendre son temps pour soigner son cadrage et sa composition aux petits oignons.
En conclusion
Alors laissez-moi conclure avec 2 photos que j’estime réussies (en plus de la 1 et de la 2). Le but de ce blog n’est pas de m’auto-flageller tout de même ! Ceci-dit, j’espère que vous aurez trouvé intéressante cette auto-critique et que cela vous permettra d’être aussi exigeants avec vous-même que je ne le suis avec moi-même 😉 À mes yeux, c’est le gage de progrès et d’ambition 🙂 🙂 🙂
Belle journée à vous !
PS : comme toujours, un clic est vivement recommandé pour correctement visualiser les photos !
Bonjour Laurence, cela fait longtemps… J’espère que tu vas bien.
Très intéressant ce mini reportage sur Singapour et ton oeil sur cet hôtel étonnant et à démesure. Pour ton travail photographique je me garderai bien, comme toujours, de juger quoique ce soit, étant donné mes compétences nulles en la matière. Mais ton article dans son ensemble est un plaisir à parcourir.
Prends soin de toi.
JP
Bonjour @jean-pierre-tondini-jonas ! Oui, comme tu dis cela fait bien longtemps ! Est-ce dû au fait que nous soyons chacun sur un côté de la planète ? Non, ça ne tient pas debout, notre terre est ronde, aucun côté qui ne tienne 😉 Merci de d’être arrêté un instant ici, le temps de te plonger dans cette architecture futuriste ! Le plaisir est pour moi de t’accueillir !
Bien sûr que c’est super intéressant, cocotte! Tu as dû choper un sacré torticolis en prenant ces photos non? Sinon je comprends tout à fait le problème, ta démonstration est limpide. Quand je photographie des bâtiments, ce qui n’est pas si fréquent, je suis aussi plutôt maniaque avec l’alignement des lignes (mouais c’est bof comme expression… mais tu me comprends), leur parallélisme au cadre etc et qu’un chouillas d’inexactitude peut tout faire foirer. Je me demandais par rapport à la photo 4 si tu n’arriverais pas à la récupérer en utilisant le redressement vertical de ton logiciel ( j’imagine que tu as essayé) quitte à rogner un peu le cadre. Ceci dit, Singapour perso j’ai pas aimé, trop d’interdictions partout, trop lisse, je n’y ai pas vraiment trouvé d’âme mais bon je n’y suis restée que très peu de temps.. Belle fin de semaine et à bientôt. Bisettes 🙂
Hahaha, oui tu l’as dit @christine ! C’est que ce plafond est vertigineusement haut ! Et oui, j’ai bien sûr essayé le redressement, mais ça ne colle pas. C’est à cause de la perspective de la barre horizontale en haut et ça donne un truc bizarre qui donne mal au coeur 😉 Tu parles de maniaquerie et tu as raison. Ce genre de photo ne supporte pas l’à peu près, d’autant qu’il n’y a aucune excuse : le sujet ne risque pas de se barrer, la lumière ne va pas changer soudainement.
Quant à Singapour, je ne dirais pas qu’il n’y a pas d’âme et il faut dire que son histoire est tellement récente qu’on lui peut pardonner cette sensation. En ce qui me concerne, c’est comme tu le soulignes, toutes ces interdictions accompagnées du fait que c’est un pays (ville-Etat) tellement petit que du coup, j’aurais tendance à étouffer.
Ceci dit, arrivant de Chine, c’est paradoxalement une sorte de bouffée d’oxygène : tu te rends compte, on n’est plus analphabètes et on peut communiquer normalement ! Comme tout devient facile du coup !
Bisettes ma chère cop’s !
Oh très sympa ces deux photos. Même celle carrée que tu considères ratée.
Je vais aller à Singapour pour une semaine, je verrai bien quel effet ça me fera. Je pense que pour la durée du séjour, ça devrait me plaire. J’ai déjà repéré plein de choses qui m’ont l’air bien 🙂
J’essaierai de garder tes conseils en tête lorsque je ferai mes photos. Comme je pratique de façon irrégulière, j’ai encore un œil très amateur, surtout lorsqu’il s’agit de faire attention aux lignes.
Bonjour @luce ! Au moment où je rédige ma réponse tu dois être à Singapour alors 😉 Tu nous racontera tes impressions ? Il y a vraiment beaucoup de choses à faire et à voir à Singapour et c’est sûr que tu ne devrais pas t’ennuyer une seule seconde !
J’espère de tout coeur que tu auras ces petits conseils en tête. Ceci dit, il est tout à fait vrai que, comme tu le soulignes, le fait de pratiquer la photo irrégulièrement n’aide pas forcément à avoir « l’oeil photographique ». Il ne faut pas se leurrer, celui-ci s’acquiert principalement avec l’expérience, même si la romance voudrait qu’on l’ai naturellement 😉
Bon voyage !!