Il est juste de rendre à César ce qui appartient à César 🙂 L’idée du procédé pour obtenir les photographies de ces fleurs me vient de Patrick Bois qui m’a suggéré un jour d’utiliser une loupe entre le sujet et l’objectif.
J’y avais vaguement pensé avant parmi les milliers de procédés pour altérer la qualité des clichés, mais ce n’est que la semaine dernière que je l’ai mise en pratique. Bon, je n’avais sous la main qu’une loupe pas pratique du tout, celle d’un kit « découvreur en herbe » pour enfants de 8 ans, mais c’était mieux que rien pour assouvir en partie ma curiosité de l’effet obtenu.
Et je dois dire qu’à mes yeux, c’est fort intéressant ! Les images que je vous montre ne sont pas vraiment maîtrisées car la loupe étant plus petite que mon objectif, il y avait tout de suite les bords qui apparaissaient. Du coup, le cadrage et la composition ont été cotons …
Par ailleurs, cette « méthode » est à déconseiller fortement à ceux qui souffrent du mal de mer ! C’est qu’entre la mise au point obligatoirement manuelle en avançant et en reculant (autofocus impossible + autre main occupée à tenir la loupe) et l’autre mise au point avec la loupe qu’on doit faire elle aussi avancer et reculer, on se perd littéralement et je dois dire que je n’ai pas pu prolonger bien longtemps l’expérience …
Enfin, attention, amateurs de piqué, de netteté, de précision, ces images ne sont pas pour vous 😉
Si je vous les montre aujourd’hui, c’est que j’apprécie vraiment cette douceur qui se dégage de ces images. Il s’agit de fleurs minuscules en réalité (je n’en connais pas le nom) et elles ressemblent à celles qu’on met en complément dans les bouquets, vous savez, ces sortes de petits flocons blancs.
Enfin, dernière recommandation, si votre environnement immédiat est très clair, je vous conseille vivement d’attendre ce soir pour les visualiser correctement. Cela me fait d’ailleurs penser que je suis en train de lire (re-lire) un livre sur l’esthétique japonaise « L’éloge de l’ombre » de Junishirô Tanizaki et qui insiste justement sur la mise en valeur par l’ombre. Et pour le coup, c’est exactement ça !
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Edit … J’ai oublié de vous dire que suite à ce fameux week-end où j’avais été invitée à présenter mon portfolio VIXI, l’Association Italienne de photographie (FIAF) a décidé de le publier sur son site. On peut donc dire que décidément, mon VIXI voyage et poursuit sont petit bonhomme de chemin 😉 Le lien, en italien évidemment est ici : http://www.fiaf.net/agoradicult/2014/04/18/v-i-x-i-di-laurence-chellali-2/
J’aime beaucoup ce flou et plus particulièrement la première. Vu mes talents de jardinière :(, je ne vais pas t’aider dans le nom de tes fleurs qui ressemblent cependant, à cette taille, aux bourgeons de nos cerisiers en fleurs…
Quant à ton portfolio VIXI, je trouve que le voyage qu’il poursuit lui va très bien, c’est le cas de le dire 😉
J’adore ce rendu flou: ça valait le coup d’avoir la nausée!! 😉 J’aime beaucoup celle en N&B: j’aime ce rendu comme une carte postale ancienne, cette fleur qui prend l’allure d’une fleur très pure et un peu spectrale aussi, je trouve.
Et c’est vraiment un joli voyage que poursuit VIXI. 🙂 Bravo.
Cette technique est très séduisante avec des résultats plutôt convaincants. Le sujet s’éloigne de son image, s’approche de la suggestion, tout cela devient très pictural. Cela me paît, pourtant je pense faire parti des adeptes de netteté et de précision 😉 , mais ce qui me plaît vraiment, c’est que le sujet perde de son image.
Pour répondre au souhait que tu évoquais dernièrement, je choisis la 3ème photo. L’image est harmonieuse, la fleur se fond dans le bokeh cotonneux, les plans se lient entre eux, la mise au point est parfaite sur les étamines.
Cette expérience est très intéressante Laurence, je garde cette technique en tête et l’expérimenterai peut être un jour !
Très jolies photos! J’aime cet effet de voile sur ces fleurs (de cerisiers on dirait?) qui leur donnent encore plus de douceur.
J’ai expérimenté ce genre de photo en mettant une bonnette sur un objectif mais je n’ai encore jamais essayé avec une loupe.
Et sinon, félicitations Laurence pour ton « VIXI » qui suit sa route! 😉
Bonjour Laurence.
Ça me fait plaisir de voir que même les très bonnes photographes ont la curiosité d’essayer des trucs. Ça fait que j’ai moins honte de « bidouiller » au niveau des objectifs….
Cela dit, c’est vraiment intéressant. La première image est ma préférée. Un mélange étonnant d’ombres, de lumière et de sensation de mouvement.
C’est toujours étonnant de venir ici..
Après le bout de plastique, les lunettes à soleil, voila que tu joues à Sherlock Holmes 😉 J’imagine bien la gymnastique à laquelle tu as dû te livrer pour prendre ces photos. Le rendu convient bien à ta personnalité artistique. J’aime beaucoup la première que je trouve douce et lumineuse malgré le fond sombre. La dernière est trop terne à mon goût.Quant à la deuxième, je trouve que la fleur est un peu noyée dans la tache de lumière. Très belle fin de semaine à toi Cara:-)
Bonjour !
Merci pour vos bons voeux pour VIXI 😉
@ Marie-Laure : non, non, non, ce n’est qu’une ressemblance avec les fleurs de cerisier, mais ça n’a rien à voir. En vrai, ces fleurs ne font que quelques millimètres … Donc, je ne compte pas sur tes talents de jardinière effectivement 😉
@ Cécile : oui,tu as raison, il pourrait y avoir de cela, ce côté vieille image sur plaques de verre. Ce noir et blanc (qui n’est pas un vrai noir et blanc, mais bien plus un sépia) apporte effectivement beaucoup de mystère et c’est peut-être en cela que tu y trouves un côté « spectral ».
@ Isa : « Le sujet perd de son image ». Ta remarque est extrêmement intéressante et me donne beaucoup à réfléchir. Car qu’est-ce qu’une image photographique ? Clairement une représentation de ce qui est. Et en même temps, comme le dit Roland Barthes, c’est une contingence pure, c’est à dire une dépendance, une liaison entre deux caractères généralement qualitatifs (selon le Larousse). Ainsi, cette fleur en elle-même est qualitative et moi même j’en suis un interprète « qualitative ». Je suis sûre qu’il y a quelque chose à chercher de ce côté là, sur la rencontre et la dépendance qui font qu’une représentation exacte est impossible. Je m’excuse, je ne suis peut-être pas très claire, mais c’est parce que ça bouillonne là haut 😉
@ Céline : pas du tout du tout comme je l’ai dit à Marie-Laure, ce ne sont pas des fleurs de cerisier 🙂 Mis à part cela, mon objectif initial ici n’était pas de me permettre de grossir mon sujet, mais je pensais plutôt que je pourrais obtenir différents plans de focus en fonction de l’inclinaison de la loupe. Sauf que comme je n’ai pas de loupe assez grande, je n’ai pas du tout pu obtenir l’effet que je souhaitais sans tronquer radicalement l’image. Je pense qu’ici il y a une très grande différence avec une bague allonge. Je dirais même que ça n’a rien à voir. Cette dernière ne t’aurais pas donné cet effet de voile ou de velouté que tu as remarqué, elle n’aurais pas diffusé la lumière ainsi obtenant ce « trouble troublant » … bref, tu aurais obtenu simplement une photo de la fleur simplement « grossie » 🙂
@ Dominique : Tu veux que je te dises ? Dans ce cas je ne suis pas photographe car j’ai l’impression de ne faire QUE des photos de bidouille et le pire, c’est que je n’en ai jamais eu honte, ça ne m’a jamais traversé l’esprit !!! Ca m’interpelle ce que tu dis … car si je devais en avoir honte, alors il faudrait que j’arrête ce blog et que je ne vous présente que des galeries, en gardant bien de cacher les moyens avec lesquels je suis parvenue à ces photos. Non, sincèrement, je ne vois pas … il faudrait que j’ai honte ?
@ Christine : disons que c’était surtout une gymnastique oculaire et c’est réel quand je dis que je n’ai pas pu prolonger longtemps l’exercice tant cette mise au point était compliquée.
Pour ma part, je ne suis pas parvenue a départager ma photo préférée. Dans la première, j’apprécie énormément les teintes et j’aime la composition dynamique de l’ensemble. Mais c’est peut-être celle qui me délivre le moins de mystère et de trouble. La seconde, je la trouve au premier coup d’oeil pas assez contrastée. Mais je trouve que lorsqu’on s’habitue à l’espèce de lumière doucereuse elle diffuse une très belle profondeur, une fragilité assez étrange. A la limite, elle me fait penser à un « bébé-fleur » qu’on verrait dans une sorte d’utérus avec les tiges en guise de cordon ombilical. Bref, comme si cette fleur aux contours et à la forme encore inachevés (surtout en comparaison avec les deux autres qui elles sont des fleurs pleinement « adultes ») flottait dans une sorte de liquide. Vous voyez à quel point parfois mes propres photos me font délirer 😉 Enfin, j’apprécie énormément également la dernière (que je ne trouve pas du tout terne, peut-être un problème de calibrage d’écran Christine ?) pour son côté mystérieux comme l’ont souligné Cécile et Isa.
Merci de tout coeur à vous pour votre passage et pour vos mots !!!
J’ai lu hier soir la réponse que tu as eu la gentillesse de faire à mon commentaire, et je t’avoue avoir eu du mal à adhérer ou plutôt à suivre ta pensée. Avant de dormir, je suis allée lire la citation de Roland Barthes et aussi la définition de contingence, selon Larousse et aussi les autres…Bon, ce matin, je te relis et là je te comprends, je comprends « la dépendance qualitative » que tu expliques et que d’ailleurs ces photos illustrent bien puisque pour le coup la qualité qui est pas mal altérée par la loupe. L’image en perdition est l’aboutissement de ton interprétation qualitative.
Pour ma part, je retiens du mot contingence la notion d’éventualité, la possibilité d’« être » ou de « ne pas être », ou la possibilité d’« être » ou d’« avoir été ». Roland Barthes l’explique dans sa phrase : « La photographie est contingence pure et ne peut être que cela, car c’est toujours quelque chose qui n’a eu lieu qu’une fois qui est représenté. ». Je comprends cette idée quand je l’applique à la photographie que je pratique, c’est-à-dire dans la nature. Un soir, j’ai voulu revenir sur une fleur photographiée la veille, elle était fanée… Je réalise la contingence de l’acte photographique.
Je fais de la photo depuis peu de temps, j’ai un peu de mal avec le concept photographique, à me sentir photographe aussi. Tes réflexions m’aident à me sentir plus à l’aise par rapport à ça. Tu es formidable et très généreuse dans tes démarches et tes réflexions. Je n’ai pas toujours le temps de venir ici, mais c’est un plaisir chaque fois. Merci Laurence.
Bonjour Isa,
Je suis heureuse que mes aventures photographico-intellectuelles t’aident dans ta réflexion 🙂
De manière plus générale, le problème de Roland Barthes dans le livre auquel tu fais référence il me semble (La chambre claire) (et ce n’est pas de sa faute), c’est qu’il a écrit son essai il y a assez longtemps et que depuis je crois qu’on peut dire que le monde de la photographie a subi une révolution par l’avènement du numérique. Bien sûr, cela ne change pas grand chose sur le principe intrinsèque de la photographie et il y a encore un très grand nombre de ses réflexions qui sont tout à fait d’actualité si on peut parler comme cela, ce pendant un certain nombre d’entre elles me semblent aujourd’hui un peu décalées.
Ahah ! se sentir photographe, ça aussi c’est une question ! Jusqu’à il y a peu, je me sentais relativement à l’aise moi-même avec ce qualificatif. Mais plus le temps passe, plus je doute d’être une photographe …
Merci à toi !!
[…] pris avec un appareil photo à 50$! Laurence Chellali, éternelle exploratrice de l’image, a utilisé une loupe à main pour créer du flou! Avec Javier et Sébastien nous avions visité le Rolex Learning Center (près […]
En posant l’appareil sur un trépied, les manipulations n’auraient-elles pas pu être plus simple? Le procédé est similaire à celui que j’avais utilisé, je pense, sauf qu’au lieu d’une loupe, j’avais utilisé un objectif supplémentaire, que j’avais intégré au cadre. Effet différent, forcément. Mais principe un peu similaire (d’ailleurs, j’avais été inspiré par toi quand je l’avais fait).
Bonjour Elpadawan !
Non, un trépied n’aurait strictement rien changé à l’affaire car en fait un s’agit d’une sorte de double mise au point, l’une interagissant immédiatement avec l’autre. Je crois même que ça aurait singulièrement compliqué la chose, en tout cas pour moi qui ai de toutes les façons une sainte horreur de me servir de cet engin.
Sinon, je ne comprend pas trop ton histoire d’objectif supplémentaire ?? Tu pourrais expliquer ?
A magical set