En avril dernier, je vous montrai un projet de nouvelle série que j’avais intitulée tout à fait provisoirement « Drôle de printemps ».

Depuis, j’ai beaucoup travaillé dessus et les photographies que je vous propose de découvrir ci-dessous n’ont plus grand chose à voir avec ce premier jet de l’époque, bien que l’idée initiale n’ai pas changé. Au moment de cette première présentation, j’avais beaucoup insisté sur le fait qu’il ne s’agissait que d’une première esquisse, que l’idée était bel et bien là mais qu’il me manquait encore d’affiner et de définir bien plus clairement et de manière assumée mon intention. Ceci pour vous dire que bien souvent on a besoin de plusieurs ébauches lorsqu’on décide de travailler réellement sur une série photo, et qu’il est bien rare que le premier jet soit le définitif. Car entre le premier développement et les suivants, les idées viennent, s’affirment, s’emboîtent les unes avec les autres et c’est par ce travail de construction-déconstruction-reconstruction qu’une série prend forme.

Alors voilà, tout est là maintenant, même mon texte de présentation de cette série 🙂

Titre et texte de présentation :

Le clair de lune progresse vers l’ouest, l’ombre des cerisiers en fleur chemine vers l’est *

C’est le printemps. Comme chaque année, je regarde le déploiement de la nature, admire la force vitale qui émerge de la matière terrestre. Je ressens, je vis mon appartenance profonde au cycle de la vie. Autoritaire, ce souffle vital m’accompagne et m’impose son énigme.

Mais cette fois-ci, la magie n’opère pas comme d’habitude. Le jardin que j’observe m’échappe, refuse de se laisser définir, ses contours se dissolvent à mesure que j’essaye d’en comprendre le sens et l’ordonnancement. Je connais – je reconnais – pleinement les essences végétales, et pourtant je suis dans un ailleurs lointain, inhabituel. Je suis placée devant une autre manière de représenter l’espace naturel et je n’en saisis pas encore tout à fait la portée.
Je découvre que je vis un bonheur printanier d’un genre nouveau, riche d’une inspiration tentante. Je suis arrivée en Chine.

Pour exprimer cette vision, je suis allée puiser dans les formes organiques des pierres de Jade, dans celles des bijoux et des éventails qui appellent à mes yeux l’Asie. Elles consentent à la fois une rupture et une continuité entre ce qui m’est familier et ce qui m’est énigmatique, entre le défini et l’indéterminable. Par leur contour lumineux, elles m’autorisent à faire émerger la vie.

Ces photographies figurent ce mystère, cette oscillation et ce balancement entre 2 cultures.
Suspension des frontières pour un temps, va et vient entre l’ici et l’ailleurs, jonction avec le principe vital, elles vous racontent ce voyage.

 

 

Le premier jet de cette série est visible ici : http://www.photofolle.net/drole-de-printemps/. Vous remarquerez que j’ai éliminé certaines photos et en ai réalisé de nouvelles pour mon propos, les formes que j’ai dessinées sont bien plus structurées, j’ai également fait pas mal de photos pour obtenir ces points de lumière que j’ai juxtaposés, parfois je suis juste allée puiser dans mes archives pour « récupérer » certains éléments qui me manquaient.

Bref, il s’agit d’une petite cuisine interne et j’espère que « le plat » qui en résulte vous plaira au moins autant que le « hors d’oeuvre » 😉 

[wc_divider style= »dotted » line= »single » margin_top= » » margin_bottom= » »]

*Titre inspiré d’un poème de Yosa Buson :

月光西にわたれば花影東に歩むかな.

Le texte original en japonais est intraduisible fidèlement et après de très nombreuses recherches, j’ai fini par adopter la forme en français que vous découvrez.

NEWSLETTER
Je souhaite recevoir une notification mail lors de la parution d'un article et je sais que peux me désabonner à tout moment.

4 pensées sur “Le clair de lune progresse vers l’ouest, l’ombre des cerisiers en fleur chemine vers l’est

  1. Les deux séries sont très différentes et elles ont chacune leur charme. La première insiste davantage sur la saison, elle me semble plus colorée et les fleurs y dominent. La nouvelle, plus intemporelle, illustre davantage l’idée que tu veux montrer. La photo de la branche fleurie que tu avais présentée à part la première fois prend vraiment du relief dans cette série. Elle est vraiment aboutie. Bravo et merci !

  2. Quel travail et quelle progression! Tu le sais autant j’étais réservée quant à la première version, autant je suis séduite et admirative face à celle-ci. Tu es passée dans une autre dimension, ta photo est véritablement artistique! Et je vois que tu ne t’es pas contentée d’ajouter de la pescaille, il y a aussi maintenant des insectes 😉 Bravo ma cocotte et à tout soudain.

  3. Quel magnifique progression! Que c’est beau!

    Bien qu’étant touchée différemment, que ce travail ait fortement évolué depuis sa première version, j’y retrouve avec bonheur ton expressivité, ton talent, la richesse de ta fantaisie et ta profondeur.

    C’est magique.

    Je me fais un peu plus rare sur le net pour différentes raisons, mais c’est formidable de venir nourrir mon coeur de chanteuse avec la beauté de ce que tu nous offre. Impossible de ne pas mieux chanter après…

    Au plaisir, et encore merci.

  4. […] époque mais c’était pour préparer ma série sur les fleurs que je vous ai déjà montrée ici. Et à l’époque, j’étais obnubilée par la macro. J’ai quand même réussi à […]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.