Je me suis souvent demandé si les artistes de rue réussissaient à manger à leur faim tous les jours, s’ils avaient assez d’argent pour se loger décemment, pour régler leurs factures d’électricité, pour se payer un forfait de téléphone, … Et pour cela, combien de temps doivent-ils être en représentation dans la journée ? Je me suis souvent dit que leur métier devait être épuisant. Comment arrivent-ils physiquement à tenir le coup, en hiver lorsqu’il fait vraiment froid ou en été quand la chaleur est suffocante ?
Depuis que je vis à Gênes, je vois ce saxophoniste à chaque fois que je passe par ce chemin, quelle que soit l’heure ou le temps qu’il fait. Et à chaque fois j’ai l’impression qu’il joue dans l’indifférence générale. Bon, il faut avouer qu’il n’est pas vraiment un virtuose mais ses airs de musique nous mettent malgré tout du baume au coeur et souvent après être passée près de lui je me surprend à fredonner la suite de la mélodie pendant le reste de mon chemin.
Ces photos n’ont rien d’extraordinaire mais j’ai eu envie de représenter la foule des passants indifférente à cet homme. Pour cela, j’ai utilisé un temps de pause assez long, ce qui m’a permis de « flouter » les passants et de faire apparaître par transparence mon saxophoniste et de laisser l’emprunte de pieds des badauds. Comme j’étais à main levée, il est clair que toutes les photos sont floues mais il me semble malgré tout qu’elles restent relativement lisibles.
Je suis séduite: je trouve cette idée très belle, et qui raconte très bien le monde musical de cet homme qui joue, qui est comme une permanence dans ce lieu où les autres passent. Ce lieu où se croisent ces deux plans en parallèles, en superpositions mais sans se rencontrer vraiment, finalement.
J’aime particulièrement la deuxième, avec ces pieds différents qui semblent être cependant tous sur la même route bien « propre », bien ordonnés. Et la 5, pour ces fantômes urbains en opposition au musicien, plus net. Je sens que je vais bien chanter ce soir (mais pas dans la rue!! 😉 ), enrichie de la poésie de tes belles images. Merci.
C’est un reflexion qui est magnifiquement mis en image.
Le flou n’est pas dérangeant, au contraire, il ajoute quelque chose aux images.
J’adore.
Moi aussi j’aime bien cette série, finalement il ne laisse pas tout le monde indifférent ce monsieur 😉
L’homme invisible ou l’homme évaporé…Très belle série et le j’aime vraiment tes flous, j’y ressens beaucoup d’émotions…
Je signerais tous les commentaires! Pareil!
ils ont déjà tout dit !!! et je dis comme eux!
juste une question : utilises tu un filtre pour que tes photos ne soient pas surexposées en pose longue de jour?
bises
Belles photos. Tu as l’art d’adapter la technique à la situation. Le rendu est vraiment très réussi et le flou n’enlève rien au charme de ces photos, bien au contraire.
Avant toute chose, bienvenue à toi Snash et merci pour ton avis enthousiaste !
Cécile, j’ai pensé à toi je dois dire lorsque j’ai préparé cet article. J’étais persuadée que le sujet ne te laisserai pas de marbre. Il est clair qu’il y a une ou deux photos qui sont un peu plus fortes que les autres, et si j’avais dû en choisir, ça aurait été les mêmes que les tiennes. Mais là, je me suis laissée aller sur la quantité pour exprimer cette idée d’indifférence. Bon concert à toi et qui sait, peut-être qu’un jour je pourrai t’écouter en « live » !
Pascaline, Muriel, Chri, merciiiiiiiii à vous et heureuse que ces flous ne vous gênent pas !
Christine, non je n’ai pas utilisé de filtre car d’une part, ce ne sont pas vraiment des pauses longues (les gens marchent très vite dans la rue, surtout en cette période de frénésie !!) et j’étais, après avoir regardé les exifs, entre 0,8s et 1,3s. Par contre, j’ai quand même sous-exposé à -1. D’autre part, le monsieur était sous une arche énorme et … c’était la nuit (d’où cette balance des blancs un peu bizarre que j’ai traficotée avec différents calques pour obtenir ce rendu). Je ne sais pas si tu as lu l’article que j’ai fait dans le cadre de la boîte à photo sur la photo en faible lumière. Si ce n’est pas le cas, voici le lien : http://www.photofolle.net/lumiere-2/ . Ca pourra te donner des indices 🙂
Isa, ta réflexion est très intéressante et j’espère que cela encouragera plus d’un à aller toujours plus loin dans les milliers de possibilités techniques de la photo au service de notre créativité. C’est vraiment important de bien connaître tous ces aspects si on veut exprimer pleinement ses sentiments personnels avec nos images.
De manière générale, je pense que ces photos ne pourraient pas être agrandies démesurément car le flou serait, à mon avis trop prononcé. Pour bien faire, j’aurais dû, une fois n’est pas coutume, prendre un trépied afin que le fond au moins soit très net, voire demander au saxophoniste de ne pas bouger ! Là, je pense que j’aurais pu exploiter d’avantage cette scène. Peut-être une prochaine fois !
Et lui, que pense-t-il de tous ces gens qui passent, pressés par le travail, ou pressé d’éviter le regard du musicien ?
(je ne jette la pierre à personne hein, je suis le premier a passer mon chemin, faute d’avoir le bavardage facile ou prétenduement le temps disponible)
À mon sens la première de tes photos est la meilleure et suffisait pour passer le message. Pour une série dans la durée quatre ou cinq photos étalées sur la journée auraient appuyé ton idée, avec une différence d’éclairage ou de positionnement du musicien.
« Allez, vous me ferez 5 photographies matin, midi et soir, mais n’abusez pas du traitement svp » 🙂
ah tiens, tu n’est pas loin du clavier non plus ^_^
J’adore! J’aime les traînées fantômes qui donnent du mouvement et rendent la photo dynamique… Et cette opposition entre le côté dynamique des traînées et le côté statique du saxophoniste… Oui vraiment, j’adore! 🙂
J’aime beaucoup ces flous de mouvement à peine visibles, ils donnent vie à l’image. Et le traitement choisi lui apporte encore plus de caractère .. le message passe très bien. J’ai également une préférence pour la première 🙂
Je crains que monde des trente-cinq heures échappe à leur quotidien d’artistes de rue. Une ombre pourtant, sillonnant entre les notes jouées semble proposer le flou de l’existence comme un monde neuf à cueillir. J’aime dans ces clichés cette opposition de la mise au point, un invite à méditer sur la netteté des choses de ce monde, netteté qui n’est peut-être qu’une légende cartésienne de plus.
Jonas
Je suis totalement fan de cette série. Une belle idée et une magnifique réalisation.
Tu me donnes vraiment envie de me mettre au flou, ça parle…
Magnifique interprétation ! Je suis curieuse de ce que nous en aurions tous pensé si tu n’avais pas mis de texte mais elles sont tellement lisibles que je pense que nous aurions rejoint cet esprit d’indifférence tellement bien traduit.
Quant au héros de ces photos, peut-être qu’il est comme « mon Roger » qui, par tous les temps gratte sa guitare, pour récupérer quelques piécettes mais d’abord parce qu’il aime ça : donner du chaud au coeur, rencontrer des sourires, échanger… Et ces petites reconnaissances dans l’indifférence générale font toute sa richesse : c’est lui qui me l’a dit !
J’aime beaucoup Laurence. Le flou ne gêne pas, dans la mesure où le saxophoniste, lui, est bien visible comparé à la foule « fantôme ». L’indifférence des autres est bien exprimée, puis les couleurs, etc. Bref,une jolie série… pour pas changer ! 🙂 Bisous !
Et du coup, pour une fois, l’homme invisible est le seul homme visible… Donc je trouve l’approche parfaite pour le message que tu voulais faire passer, personnellement…
Bonjour à vous !
Merci de cet enthousiasme sur cette petite série, je dois avouer que je ne m’y attendais pas 🙂
@ Ronan : tu sais, lorsque j’ai pris ces photos, ça a été tout à fait impromptu et je n’avais aucun projet de la sorte lorsque je suis passée devant ce musicien. J’étais arrêtée au feu en attendant de pouvoir traverser la rue, il jouait une mélodie très endiablée et comme j’ai toujours mon appareil photo dans mon sac, ni une ni deux j’ai eu envie de prendre une photo. Après, je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai eu envie d’illustrer cette idée d’indifférence. Une chose est sûre, c’est que je ne suis jamais très en forme moralement à cette période des fêtes car je saisis avec plus d’acuité que d’habitude la précarité des « originaux ». Bien entendu, je suis très loin d’être la seule ! Ceci dit, c’est une très bonne idée que tu as sur la manière d’aborder cette série !
@ Céline : comme quoi, paradoxalement, il est relativement facile en photographie de donner l’idée du mouvement !
@ Marie : merci de ton avis !
@ Jonas D. : ah ! Descartes nous laisse un sacré héritage hein ! Chacun a son point de netteté intime mais il est toujours passionnant d’essayer d’aller à la découverte de celui de l’autre. Parfois, il nous laisse pantois !
@ Pastelle : alors vas-y, qu’attends-tu ? 😉
@ Marie-Laure : ah, je reconnais bien dans ton commentaire le monde tel que tu aimes te le représenter. J’aimerais tant croire en ta version ! Ceci dit, je suis sûre qu’il y en a une part de réalité.
@ Marie : Comme je le disais plus haut, il ne faudrait pas agrandir beaucoup les photos, car même si elles semblent être bien lisibles dans ce format, je pense malgré tout qu’elles sont trop floues pour mériter ne serait-ce qu’une impression. Mais je suis ravie qu’elles te plaisent !
@ Elpadawan : nous étions donc nous aussi en même temps sur notre clavier et je viens de découvrir ton commentaire à l’instant où je publiais le mien 🙂 Et bien oui, il fallait bien un témoin pour rendre visible l’homme invisible, sinon, il serait resté dans l’indifférence 😉 Merci de ton passage !!!
Artistes ou non, il y a, c’est vrai, parfois, des hommes des rues qui sont moins transparents pour nous que les autres passants.
Parmi les « caractéristiques » qui ne laissent pas indifférents il peut y avoir leur constance à sourire, proposer, nous jouer un air, inlassablement face à notre indifférence collective.
Un beau sujet. On entend presque sa petite musique pour nous accompagner aujourd’hui
Je découvre votre blog et suis séduite par cette série, ses couleurs et l’idée d’exprimer une narration en saisissant les déplacements sans bouger. Bravo !
Bonjour Astor et Sonia !
Astor, je suis désolée mais ton commentaire m’était passé inaperçu et … je suis impardonnable ! En plus, tu as tout à fait raison, je trouve que ces personnes ont un courage admirable que de proposer un divertissement au milieu de passants la plupart du temps indifférents.
@ Sonia : merci alors de ton passage et encore plus pour avoir pris le temps de laisser une trace de ton passage ici ! Sois la bienvenue 🙂
Oh, tout à fait pardonnable et pardonnée, d’ailleurs il n’y a même aucun souci !
Sur les photos on ne voit que lui, les gens passent comme des fantômes invisibles …une bonne idée de rendu, certaines sont très réussies… pourtant, c’est bien lui l’homme invisible, le musicien de rue qu’on ne remarque plus !
Bonjour Marie et bienvenue ici ! Un grand merci pour ton petit mot sur cet étonnant homme invisible si visible dorénavant 🙂