La Boîte à Photos reprend du service, et pour cette 9ème édition nous avons décidé de partager avec vous notre expérience de la photographie en faible lumière. C’est une situation que j’apprécie souvent, car loin d’être un handicap je trouve au contraire qu’elle nous donne des opportunités de faire des photos mystérieuses, amusantes, expressives, étonnantes, abstraites, déroutantes, éloquentes, suggestives … bref, de belles et bonnes photos !
Qui dit faible lumière en photographie dit souvent flash et/ou trépied. Pour ma part, vous savez à quel point je n’aime pas m’encombrer de matériel et pour éviter de donner trop vite raison à l’adage qui dit « chasse le naturel il revient au galop », je vais vous parler de la photographie en faible lumière sans flash et sans trépied.

 Qu’entend-on par faible lumière ?

Vous m’avez déjà souvent entendu dire qu’il n’y a pas en soi de bonne ou de mauvaise lumière. Il n’y a que des lumières adaptées ou non au sujet de la photographie. De même il est difficile de définir à partir de quand on considère qu’il n’y a pas beaucoup de lumière tant les paramètres sont variés, interagissent entre eux de manière dépendante :

  • Quantité de lumière
  • Ouverture de l’objectif
  • Sensibilité du capteur ou de la pellicule
  • Mode de mesure de la lumière (toute la scène, une partie de la scène ou spot)

Lune Nikon D700 105 mm 200 iso f/2,8 Vitesse : 1/160 Compensation d’exposition : +0,67 ev Mode de mesure : spot Une photo prise à la tombée de la nuit, donc par très faible lumière globale. Avec les paramètres de mon appareil photo, l’ouverture de l’objectif et surtout avec la mesure de lumière sur « spot » qui m’a permis d’évaluer la quantité de lumière sur la lune et seulement elle, je n’ai eu aucune difficulté à prendre cette photo à main levée.

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Ainsi, imaginons que nous avons une quantité de lumière donnée. Selon la sensibilité de mon capteur ou de ma pellicule, les possibilités d’ouverture de mon objectif et la manière dont je mesure la lumière, la photographie que je projette de faire sera possible ou non sans déclencher le flash et monter l’appareil sur un trépied. Ceci dit, attention ! Lorsque je dis que la photographie sera possible ou non, j’entend par là que j’obtiendrai confortablement une image non bougée à main levée car en soi il est toujours possible de faire une photo et il n’est pas dit, bien au contraire  que je ne veuille pas des photographies bougées et floues !!

C’est pourquoi, à la vue de tous ces paramètres qui interagissent entre eux, une fois n’est pas coutume je vais vous parler de mon matériel photo et dans tous les exemples que je vous donnerai je vous indiquerai les données exif pour vous donner une idée des conditions de prise de vue. Sachez toutefois que la plupart des images que j’ai sélectionnées ont été prises alors que la lumière était en faible quantité, c’est à dire que j’ai dû modifier les paramètres de sensibilité et monter les iso que je garde habituellement au plus bas possible pour limiter le bruit numérique (vous savez, tous ces petits points verts-jaune-rouge absolument horribles) et avoir des images les plus propres possible.

Ces photographies ont donc été prises soit avec un reflex Nikon D700 qui gère extrêmement bien le bruit numérique jusqu’à 1600 iso, soit avec un micro 4/3 Panasonic GF1 qui lui ne donne pas des images très propres à partir de 600 iso je trouve.

Ceci est important car pour faire des photographies en faible lumière, il faut bien connaître les possibilités et les limites de son matériel afin d’anticiper les éventuelles retouches en post-traitement ou tout simplement pour obtenir directement l’image souhaitée. Pour ma part, je sais pertinemment que je ne ferais pas le même type de photographie en faible lumière si je suis avec mon D700 ou avec mon GF1, et ceci surtout à cause de la gestion de ce bruit.

Non ! Nikon D700 105 mm 1600 iso f/3 Vitesse : 1/40

FaibleLumiere (1)  Bon à savoir :

Je vous conseille vivement de régler votre appareil photo afin qu’il prenne les photos en raw ce qui vous permettra de corriger de manière subtile vos clichés et surtout l’exposition. Il peut en effet arriver que vos photos soient sous-exposées à la prise de vue car vous aurez eu besoin d’un temps de pause plus court pour que la photo ne soit pas trop floue. En raw, même si ça ne fait pas de miracles non plus, vous avez encore la possibilité de compenser cette sous-exposition comme si vous étiez sur le moment de la prise de vue, alors qu’en jpeg vous agirez sur un fichier déjà développé, donc définitif !

 Pourquoi se passer du flash et du trépied ?

Et bien tout simplement pour des questions de rendu esthétique, de liberté de mouvement et de spontanéité.

En prison Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 800 iso f/1,7 Vitesse : 1/60 Compensation d’exposition : -0,66 ev

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Vous connaissez les fameuses photos « fromage blanc » ? Celles où le flash intégré donne une lumière qui aplatit tout, où les ombres sont disgracieuses et où, dans le cas des portraits par exemple la peau brille bien comme il faut ? Donc à moins d’avoir un flash externe (et de savoir s’en servir !!) et à l’extrême limite d’avoir mis un filtre devant le flash (il y en a en vente dans le commerce pour pas cher du tout ou vous pouvez vous arranger avec une chaussette transparente), je vous déconseille vivement d’utiliser le flash intégré de l’appareil photo !

Quant au trépied, souvent accompagné d’ailleurs d’une télécommande pour le déclenchement ou le retardateur de l’appareil photo, il limite indéniablement la liberté de mouvement et on l’utilisera pour des photos « posées » mais n’espérez pas faire un reportage avec !

Et puis, décider de se passer du flash ou du trépied est l’occasion d’obtenir des photos assez suggestives, ou en tout cas rarement descriptives. C’est l’occasion également de s’entraîner à avoir le « déclenchement souple », c’est à dire à bien maîtriser son geste et à faire en sorte que seul le doigt appuie sur le déclencheur, à retenir sa respiration et à contrôler ses mouvements.

 Comment obtenir des photographies nettes ?

Pour vous donner une échelle de temps de pause à partir duquel on est à peu près sûr d’obtenir une image nette, on dit généralement qu’il faut que le temps de pause soit équivalent à la longueur focale en 24×36. Traduction : si par exemple vous avez un compact équipé d’un objectif de 50 mm, votre temps de pause minimal devra être de 1/500ème (la longueur focale équivalent 24×36 d’un objectif de compact doit être multiplié par 5,62 mais par commodité je multiplie simplement par 5). De même sur un réflex APS équipé d’un objectif 50 mm, il faudra multiplier par 1,6. Votre temps de pause devra donc être grosso modo de 1/75ème de seconde (pour ma part, je multiplie rapidement par 1,5) et pour un micro 4/3 il faut multiplier par 2 (il faudra donc que mon temps de pause soit à peu près de 1/100 ème). Vous aurez donc compris que si vous avez un zoom, il vaut mieux privilégier la focale la plus courte en faible lumière plutôt que d’essayer de faire des photos au 250 mm ! Bien entendu cela dépend aussi de votre degré de fermeté, lequel augmente avec l’entraînement …

Némo Nikon D700 35 mm 1000 iso f/4 Vitesse : 1/125 Compensation d’exposition : -1,33 ev Vitesse confortable pour obtenir une photo nette car les « némos » étaient assez correctement éclairés

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Méduses Nikon D700 35 mm 1000 iso f/4 Compensation d’exposition : -1 ev Vitesse : 1/20 Temps de pause limite mais j’ai le doigt assez sûr. Il n’aurait pas fallu descendre en dessous.

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Les 2 photos ci-dessus sont correctement exposées dans la mesure où j’ai souhaité conserver cette ambiance assez sombre qui régnait dans l’aquarium et vous remarquerez que je n’ai pas hésité à sous-exposer. Mais cela ne veut pas dire qu’on n’a pas de marge de manoeuvre et dans les 2 photos qui suivent, je vous propose 2 visions de la même statue prise dans des conditions identiques car exactement au même moment. Vous remarquerez que plus la photo est sur-exposée plus le temps de pause est long, et plus elle est sous-exposée plus le temps de pause est court. C’est tout à fait logique car dans le premier cas il faut que le diaphragme reste ouvert plus longtemps pour faire passer d’avantage de lumière, alors que dans le second cas on veut au contraire que moins de lumière arrive sur le capteur, d’où un temps de pause assez bref.

Statue Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 800 iso f/3,2 Compensation d’exposition : +2,33 ev Vitesse : 1/15 J’ai dû véritablement retenir ma respiration et me camper fermement sur mes jambes pour ne pas bouger avec une telle vitesse d’obturation.

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Statue Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 800 iso f/3,2 Compensation d’exposition : -1,66 ev Vitesse : 1/800

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Vous remarquerez que ces photos ont été converties en noir et blanc. En effet, comme je vous le disais plus haut, mon petit Panasonic GF1 a toutes les qualités sauf celle de la gestion du bruit numérique qui apparait de manière assez dérangeante dès 600 iso. Ce qui fait que presque systématiquement lorsque je dépasse cette sensibilité je sais que mes images seront développées en noir et blanc. Ce qui signifie aussi que je compose pour le noir et blanc, c’est à dire que je suis particulièrement attentive aux contrastes et/ou au graphisme de la scène. C’est pour cela que je vous disais également plus haut qu’il est important de bien connaître son matériel et ses limites.

Rencontre Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 800 iso f/2 Compensation d’exposition : -0,66 ev Vitesse : 1/250 Sur un sujet en déplacement, il faut maintenir une certaine vitesse d’obturation si vous ne voulez pas qu’il soit flou

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De manière générale, il faut toutefois avoir bien en tête que les photographies en basse lumière prises sans flash et/ou sans trépied n’auront pas la même qualité que des photos avec des iso bas et un diaphragme d’avantage fermé. Il ne faut donc pas être allergiques aux photos non piquées et non détaillées !

 Une occasion pour réaliser des photos presque nettes

Généralement, j’aime bien les photos avec un rendu pleinement assumé par le photographe. J’aime lorsque son langage est entier et j’aurais tendance à privilégier dans ce sens les photos carrément floues. Mais il est des cas où ce presque net est malgré tout très expressif et sert véritablement l’esprit de la photo.

Lorsqu’il y a peu de lumière, il est donc facile d’obtenir une photo pas tout à fait nette mais pas tout à fait floue non plus. Ne vous précipitez pas à les jeter et prenez le temps de les regarder ! Ainsi cette photo ci-dessous, prise non seulement dans des conditions de faible luminosité mais en plus en reflet dans un double vitrage, ce qui a pour effet de dédoubler en quelque sorte le visage. Les fenêtres de l’immeuble dans le fond me servent de texture et forment une espèce quadrillage. Seule une partie du visage était éclairée et je pense que si l’ambiance lumineuse globale avait été plus claire ma fille (oui oui, c’est elle !) n’aurait certainement pas eu la même expression. Il s’agissait d’un moment rendu intime aussi par la faible luminosité.

Marie Nikon D700 105 mm) 800 iso f/4 Compensation d’exposition : +0,67 ev Vitesse : 1/100 De l’importance de déclencher en format raw : cette photo était très sous-exposée mais je ne pouvais aller au delà en compensation sans qu’elle devienne trop floue et illisible à cause du reflet, mais grâce au fait que je l’ai prise dans ce format j’ai pu ensuite rajuster l’exposition.

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Dans un autre genre, on peut également souhaiter prendre des photos à dominante floue mais où malgré tout on souhaite conserver assez de structure de l’environnement pour leur donner une assise, des points de repère structurants. Dans les 2 photos ci-dessous, vous remarquez que les iso ne sont pas élevés. Je les ai en effet prises avec mon Panasonic et comme je souhaitais les développer en couleur je ne pouvais pas me permettre d’avoir trop de bruit numérique. Il existe bien des logiciels spécialisés pour supprimer ce bruit mais pour ma part et après en avoir essayé un (DXO), je trouve qu’au final les photos ont un rendu assez artificiel et lissé que je ne trouve pas franchement esthétique. Ceci dit, ils ont peut-être fait des progrès depuis lors !

Voile supsendu Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 320 iso f/5 Compensation d’exposition : -0,33 ev Vitesse : 1/6 Bien entendu, à cette vitesse et à main levée il est impossible d’avoir une photo nette. En même temps, cela m’a permis de mettre en valeur la structure des pliures du tissu qui semble être nette ainsi que quelques éléments architecturaux

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Noël Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 125 iso f/4 Compensation d’exposition : -0,66 ev Vitesse : 1/4 Photographie prise de nuit, en ville. Ici aussi rien n’est net. Cependant un certain nombre d’éléments, en plus du graphisme des trainées lumineuses de la guirlande semblent être nets ce qui permet au regard d’accrocher à l’image.

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 Profitons des basses lumières pour réaliser des photos presque entièrement floues !

Je vous disais précédemment que j’aime particulièrement les photos où l’empreinte expressive du photographe est claire et assumée. Prenons un exemple avec les 2 photos ci-dessous. Ce n’est pas la première fois que je rentre dans cette église et à chaque fois je trouve qu’elle est très photogénique grâce à sa porte d’entrée qui s’ouvre directement dans la nef (ce qui n’est au final pas courant !), donnant ainsi l’occasion de réaliser des contre-jours très intéressants. Mais là j’ai été surprise par cette femme qui se détachait bien et je n’ai pas eu le temps de faire les ajustements nécessaires et mon compact était resté sur 100 iso alors que la lumière générale était très basse.

À l’église Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 100 iso f/2,8 Compensation d’exposition : 0 ev Vitesse : 1/5 Mon temps de pause très long à main levée me donne un cliché entre-deux, ni net ni flou que je ne trouve pas intéressant.

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À l’église Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 100 iso f/1,7 Compensation d’exposition : 0 ev Vitesse : 1/10 Dans la précipitation, je n’ai eu le temps que d’ouvrir d’avantage mon diaphragme mais cela n’a pas suffi et mon second cliché ne valait pas mieux que le premier. Au moment où cette femme sortait, j’ai tenté une dernière photo en bougeant volontairement cette fois-ci mon appareil photo. Autant assumer jusqu’au bout ce manque de lumière ! Et il s’avère qu’au final cette photo une fois recadrée en format carré exprime vraiment bien l’idée que je me fais de la religion.

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Mais rien ne nous empêche d’aller encore plus loin dans la pause longue à main levée et je suis convaincue que tout est permis de ce point de vue. Ainsi cette photo ci-dessous prise un soir dans une ruelle sombre. C’est vraiment dommage, à mon avis elle manque d’un point fort, comme par exemple un personnage (ou mieux encore, j’aurais bien aimé un chat !), mais l’ambiance y est, assurément. En fait, il y avait bien un personnage qui passait, mais le temps de pose a été tellement long qu’il a tout simplement disparu !

Le soir Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 100 iso f/4 Compensation d’exposition : -0,33 ev Vitesse : 2,5 s Ici, j’ai passé la barre de la seconde de temps de pause ce qui a eu pour effet de tout « flouter » bien que j’ai essayé de bouger le moins possible et le personnage qui s’avançait vers moi a « disparu » dans son propre mouvement

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Le soir Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 100 iso f/16 Compensation d’exposition : +1 ev Vitesse : 60 s ! Autre tentative extrême à une minute de temps de pause !! Il y avait un passant qui marchait très lentement mais pas suffisamment pour qu’on en conserve une trace. Attention également aux luminaires sous peine d’avoir ces trainées disgracieuses. Dans la photo ci-dessus en noir et blanc j’avais pris soin de dissimuler la source lumineuse derrière les branches d’un arbre

FaibleLumiere (9) Enfin, pour clore ce chapitre sur les temps de pause extrêmes, rien ne nous empêche d’essayer de faire des photos abstraites comme ci-dessous voire psychédéliques …

Abstrait Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 400 iso f/6,3 Compensation d’exposition : +1 ev Vitesse : 6 s Il s’agit d’une photo d’une plage au parasols fermés, prise en pleine nuit. Ici, c’est le graphisme des lignes qui fait la force de l’image.

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Psychédélique en bleu Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 800 iso f/1,7 Compensation d’exposition : -0,33 ev Vitesse : 1,6 s Lors d’une soirée dansante j’avais emporté mon compact. La piste de danse était éclairée par intermittence de spots qui changeaient constamment de couleurs. J’avoue que j’ai été moi-même très surprise de l’effet que ces spots ont donné sur les photos que je vous garantis sans aucune retouche ! Je pense que ce sont les passages successifs et très rapides du noir au très éclairé qui a permis d’une part de ne pas surexposer les photos et d’autre part ces couleurs aussi flashy.

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Psychédélique en rose Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 800 iso f/1,7 Compensation d’exposition : -0,33 ev Vitesse : 2 s

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 Trucs et astuces pour compenser le bruit ou le flou

J’aimerais vous donner quelques astuces lorsque le bruit numérique est trop important ou quand le flou de bougé dérange la lecture de l’image.

 Nous avons vu précédemment qu’une des méthodes pour éliminer le bruit était tout simplement de convertir la photo en noir et blanc. Cela fonctionne pour de nombreuses photos et je vous conseille vivement pour des raisons de composition, de gestion visuelle des contrastes et du graphisme dans ce cas de vous projeter dès la prise de vue dans une photo finale en noir et blanc. Pour ma part, lorsque je suis au compact et que j’ai donc la visée à l’écran, j’aime bien dans ce cas régler directement la visée en noir et blanc. Cela facilite vraiment les choses. Et si vous êtes en raw, en plus, vous pouvez toujours avoir votre image en couleur une fois ouverte sur l’ordinateur (tiens, tiens, encore une raison pour être en format raw …)

A l’inverse, il se peut que vous souhaitiez proposer une photo en couleur. Parfois, l’ajout d’une texture peut rendre tout à fait secondaire ce bruit, voire le faire disparaître ! Il est très facile de se constituer une petite bibliothèque de texture. Il suffit de photographier des vieux murs décrépis, des fenêtres sales, des rayures sur du métal … bref, tout ce qui pourrait servir de fond. Ces photos, vous pouvez, à l’instar de toutes les photos, les sur-exposer, les sous-exposer, changer les teintes, les convertir en noir et blanc et que sais-je encore ! Dans votre logiciel de post-traitement, il suffit de les ajouter comme calque au dessus de votre photo principale puis de jouer sur ses propriétés de fusion.

Épouvantable ! Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 800 iso f/1,7 Compensation d’exposition : -0,33 ev Vitesse : 1/8 s Mon petit monstre d’halloween est plein de bruit et tout flou, mais cela passe bien avec l’ajout de cette texture aux teintes sanguinolentes

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 Et pendant qu’on y est, si vous cherchiez délibérément à dégrader la qualité de la photo directement à la prise de vue. Le bruit deviendra alors complètement secondaire, voire invisible ! Et ceci grâce à un filtre que vous pouvez placer devant l’objectif. Pour ma part, j’utilise tout bêtement un bout de plastique, mais n’importe quel matériau assez transparent (mais pas trop propre !) peut convenir

Le filtre plastique Panasonic GF1 20 mm (éq 43 mm) 400 iso f/5 Compensation d’exposition : 0 ev Vitesse : 1/6 s

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 Dans le même ordre d’idées, n’hésitez pas à ajouter du bruit en post traitement (souvent accessible via un panneau « filtres-bruit »). C’est un formidable moyen pour gommer ce fichu bruit numérique et par la même occasion pour atténuer les flous de bouger

L’idée folle Nikon D700 105 mm 200 iso f/3,5 Compensation d’exposition : 0 ev Vitesse : 0,6 s Compte-tenu du temps de pause, je peux vous garantir que cette photo est floue. Je ne parle pas du visage bien entendu mais de tous les éléments qui étaient fixes et donc supposés être nets. Mais j’ai complètement noyé ce flou avec l’ajout de bruit. Entre ce bruit et ce flou, ça donne au final un rendu très doux à regarder.

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 En conclusion

Voilà, j’espère que je vous aurais convaincus de ne pas renoncer à faire des photos sous prétexte que vous n’avez pas assez de lumière, pas de flash et/ou pas de trépied ! Je dirais même au contraire, profitez de ces opportunités pour faire des photos qui sortent des sentiers battus. En plus, cela vous permettra d’assez bien cerner vos propres limites et celles de votre matériel.

Les jours qui viennent sont particulièrement propices à ce genre de prise de vue et quand je pense à toutes ces guirlandes et ces luminaires qui vont éclairer (mais pas trop justement !) nos fêtes de fin d’année, j’en ai la pupille qui frémit d’avance. L’hiver, entre le peu d’heures de jour et le mauvais temps est une époque très favorable à la photographie en basse lumière. Je vous invite d’ailleurs si le sujet vous intéresse à lire l’article que j’avais écrit pour une autre édition de la boîte à photos : la lumière en hiver

Voilà, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter de réaliser des photos mystérieuses, amusantes, expressives, étonnantes, abstraites, déroutantes, éloquentes, suggestives … bref, de belles et bonnes photos 🙂

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Pour cette édition de la Boîte à photos, c’est Antoine de 1point2vue qui joue le rôle de site hôte et qui a donc l’énorme responsabilité de rassembler nos articles sur une même page et d’en faire la synthèse en fin de semaine.

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Merci à Laurent Vaissade de jogg.com pour le logo

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23 pensées sur “PHOTOGRAPHIER EN FAIBLE LUMIÈRE

  1. Bravo encore Laurence pour cet article très intéressant ! Comme toi, je préfère les photos floues ou avec du bruit (notamment en noir et blanc) mais j’ai encore souvent du mal à assumer mes choix…

  2. Salut Laurence,
    Un super articles à conseiller tant la chose paraît limpide avec tes explications. les photos qui l’illustrent sont magnifiques, et je pense comme toi que les hybrides donnent des possibilités créatives (un outil) surprenantes et artistiques. Et puis ça évite d’avoir des kilos pendus au cou!!!

  3. Des photos, des ambiances, des effets divers pour varier, repousser les limites de nos appareils et surtout de notre créativité… merci pour cet article !

  4. Et parfois, on n’a pas le droit au flash ni au trépied de toutes façons. Ce soir, je vais faire une séance en basse lumière, un ami joue en concert :).

  5. Ce que j’aime bien chez toi, c’est que c’est toujours très très artistique !
    Merci !

  6. Whahooo ! Un super article hyper intéressant et un travail photographique remarquable. J’adore !

    Aymeric

  7. Je suis ravie que mes petit conseils vous intéressent !!! Merci à vous de votre passage !!

  8. Bravo pour ce long exposé!!!

    J’utilise rarement mon trépied car, comme toi, j’aime balader léger!!! Et je n’ai pas de flash cobra. J’ai tendance, comme un peu tout le monde, à passer au n&b quand ça bruite trop plutôt que d’opter pour le flash intégré à mon appareil. Par contre, je l’utilise parfois en plein jour quand la lumière est trop faible en un point et trop dure en un autre.

  9. […] La Boîte à Photos reprend du service, et pour cette 9ème édition nous avons décidé de partager avec vous notre expérience de la photographie en faible lumière. C’est une situation que j’apprécie souvent, car loin d’être (…) Plus…  […]

  10. Joliment illustré, complet et convaincant. C’est un domaine que j’ai très peu expérimenté, mais tu donnes envie. 🙂

  11. Bonjour,
    Toujours enrichissant de te lire.
    J’aime bien cette idée de « sortir des sentiers battus ». C’est ça la vraie créativité. Enfin c’est mon modeste avis.

  12. Bonjour Le journal de Chrys, Pastelle et Dominique !

    @ Le journal de chry : tu as raison, parfois il peut être bien de « déboucher » un contre-jour avec un coup de flash (ceci dit, pour ma part, je ne le fais jamais, c’est mon côté extrémiste qui parle 😉 ). Mais le flash intégré a de sacrées limites quand même et notamment de portée. Je sais que sur certains appareils la puissance est réglable et je conseillerai de la diminuer.

    @ Pastelle : vas-y !!

    @ Dominique : je ne sais pas si sortir des sentiers battus est de la vraie créativité, mais il est vrai que c’est « agréable » d’essayer de réaliser des photos qu’on n’a pas l’habitude de voir !

    Merci à vous pour vos interventions !!

  13. […] même une excellente occasion de faire preuve de créativité, comme le démontrent Anne-Laure ou Laurence par […]

  14. Encore un article de grande qualité superbement illustré, Laurence. Bravo, c’est un régal de te lire. Je n’aurais jamais pensé à ajouter du bruit pour diminuer le bruit numérique. Va falloir que je teste illico cette combine. A bientôt et belle semaine:-)

  15. bonsoir, superbes photos et article très riche en conseils… il est vrai que le flou permet de créer des ambiances, de raconter un lieu, une rue, un édifice autrement en amenant de la vie; j’aime beaucoup les couleurs qui se mêlent les unes aux autres, qui deviennent plus diffuses, ainsi que le noir&blanc bruité volontairement qui donne du caractère aux photos! bravo et merci pour le partage! 😉

  16. Cet article est très intéressant, et surtout très accessible…Je suis fan de certaines photos que tu donnes en illustration, notamment « Lune » et « Voile suspendu » et d’autres aussi.

  17. Bonjour Spiruline, Carla et Isa !

    Je suis contente de constater que quelques unes de mes astuces vont vous servir !! C’est vrai que le flou est très expressif car il laisse beaucoup de marge interprétative au lecteur, l’oeil glisse à travers les différentes textures et part à la recherche de ces fondus souvent très doux.

    Bonne journée à vous !

  18. […] ou comment réaliser des photos mystérieuses, amusantes, expressives, étonnantes, abstraites, déroutantes, éloquentes, suggestives … bref, de belles et bonnes photos 🙂  […]

  19. J’ai un peu de retard dans la lecture des blogs, heureusement je n’ai pas loupé cette boite à photo que je suis très heureuse de retrouver. Un article bien illustré et surtout avec des explications très claires.

  20. très bel article, superbement illustré !

  21. Merci à vous Lucie et Marie !

  22. […] Si vous souhaitez approfondir le sujet sur la photographie abstraite, je vous conseille de lire cet article que j’avais intitulé Gueule d’abstrait En complément de cet article sur la pause longue, vous pouvez également lire celui consacré à la photographie en faible lumière […]

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