Grâce au numérique, nous pouvons multiplier les prises de vue et c’est vraiment une chance extraordinaire car cela nous donne la possibilité d’étudier nos sujets sous de multiples angles et avec différents paramètres techniques, et ceci à l’infini.

Je suis partisane de profiter pleinement de la « gratuité » de ces prises de vue, notamment lorsque le paramètre de « l’instant décisif » n’est pas une donnée fondamentale de l’image. C’est vraiment l’occasion de progresser tant techniquement en essayant de multiples combinaisons que compositivement en osant des cadrages en tous genres.

Ainsi, l’été dernier je m’étais penchée sur une simple ombrelle et j’avais décidé d’étudier le graphisme de ses tiges, ses minuscules mais innombrables fleurs, la manière dont elle interagissait avec les lumières en choisissant différents angles de vue. Je me suis essayée à jouer sur la transparence des végétaux qui s’intercalaient entre mon objectif et mon sujet de manière à provoquer ce flou et cet effet de profondeur qu’ont certaines de ces images.

 Lorsque je fais ce genre d’exercice, mon objectif n’est pas forcément de produire de belles images mais bel et bien de travailler sur des esquisses.  C’est pour cela que je m’impose 2 ou 3 contraintes : tout d’abord, je m’interdis tout re-cadrage en post-production (sauf très minime quand j’utilise mon reflex car mon viseur ne me montre que 95% de la scène) car je considère qu’ayant eu tout mon temps pour observer et réaliser ma composition et mon cadrage, je dois penser mon image au moment de la prise de vue.

 De la même manière, je m’interdis de jouer ensuite en post-production avec les curseurs de l’exposition (vous savez, lorsque vous prenez vos photos en format raw, vous pouvez ensuite ajuster assez finement l’exposition comme si vous étiez au moment de la prise de vue). Travailler la bonne exposition à la prise de vue (celle qui vous convient, pas celle des histogrammes !!) est source de progrès indéniable et surtout permet d’exploiter une infinité de possibilités !

 Enfin, j’essaye de me dégager le plus possible de ce que je vois pour me demander ce que je ressens. C’est ainsi que pour les images issues de cette séance de travail que je vous propose ci-dessous, je me suis détachée au fur et à mesure de mon sujet « objectif » pour glisser vers un univers fait de douceur, de délicatesse, de paisibilité et de sérénité : ce n’est plus l’ombrelle le sujet, mais ce qu’elle dégage.

J’ai ensuite travaillé sur la teinte de ces photographies pour vous les présenter et pour trouver le language colorimétrique qui me permette de vous communiquer ce que j’ai ressenti. Bien sûr, j’aurais pu les laisser dans leur couleur originale, je crois que le message serait passé tout autant. Mais il me semble qu’il leur aurait manqué l’apport féérique du bleu/vert, impossible à obtenir directement à la prise de vue en gardant la même lumière délicate : j’aurais dû faire ces photographie à la période dite de « l’heure bleue » ( à la tombée du jour), mais la luminosité ambiante m’aurait donné des images plus « dramatiques », ce qui aurait été exactement à l’opposé de ce que j’avais envie de transmettre.

Au final, ma séance d’étude a été bonne car il en ressort pas mal d’images suffisamment jolies pour que j’aie envie de vous les montrer. Je peux vous assurer que ce n’est pas toujours le cas !!

Je vous propose de découvrir ces photos sur le son d’une chanson d’Agnès Obel dont la poésie musicale m’a semblée tout à fait adaptée au contexte 🙂

 

    NOTES
  • Le post-traitement de ces images est relativement simple : une bonne dé-saturation globale puis l’ajout d’un claque bleu/gris en mode « incrustation » ou « lumière tamisée » en fonction de la photo, puis quelques corrections de contraste par-ci par-là.
  • J’ai essayé de vous présenter cette série à la manière d’une « galerie ». Qu’en pensez-vous ? Est-ce que c’est une forme qui vous convient ? Ou préférez-vous la présentation plus « classique » comme ce que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui ?
 
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32 pensées sur “ÉTUDE AUTOUR D’UNE OMBRELLE

  1. Oh la la comme c’est beau….je me sens légère, je flotte…

  2. absolument superbe comme série, tu excelles dans le domaine de la macro poétique.
    Je trouve ta démarche intéressante comme programme de progression.
    Cependant je ne te suis pas sur le deuxième point : ne pas jouer sur l’expo a posteriori. Je ne considère pas que cela soit un frein à la création, au contraire. D’autant que la marge de manoeuvre est faible, même en raw, il faut tout de même bien exposer au déclenchement. Tu avais d’ailleurs toi-même utilisé un tirage argentique couvert de notes en vue d’un retirage équilibré sur les hautes et basses lumières dans ta conférence sur la photo. Je trouvais l’exemple édifiant.
    Par contre je te suis complètement sur les points 1 et 3.

  3. @ Sandrine : Attention quand même de ne pas décoller trop haut 🙂 Ou alors, pense bien à redescendre sur terre !!!

    @ Ronan : haha, à mon avis je me suis mal exprimée : J’indique ma démarche lorsque je suis en position « travail », « amélioration », « entraînement » et non pas lorsque je veux à tout prix obtenir une bonne photo à montrer. M’interdire ces interventions en post-production me permet de me dire : « tiens, là j’aurais dû faire comme ça, là j’ai oublié ce détail, là encore je n’avais pas noté ce défaut, etc … Je crois que souvent notre défaut de photographe est d’oublier cet aspect : on cherche trop à produire des bonnes photos rapidement, sans réaliser qu’elles sont bien souvent le fruit d’un long long apprentissage qui ne se fait pas seulement « à force de déclencher », mais en analysant aussi ce qui a réussi ou non. Et le fait de se donner des séances de travail, sans autre intention que d’apprendre à cadrer ou à exposer est véritablement source de progrès.
    Pour cette série, comme je le dis, j’ai finalement fait des photos suffisamment jolies pour que j’ai envie de vous les montrer. Mais mon disque dur regorge de photos qui me sont précieuses parce que j’ai appris quelque chose ou qu’elles sont le début d’une idée, mais qu’il ne me vient même pas à l’esprit de montrer !
    Ceci dit, je suis tout à fait d’accord que la marge de manoeuvre est assez étroite en ce qui concerne l’exposition en post-production. Raison de plus pour « faire ses armes » en faisant des exercices 🙂

  4. Que dire ? C’est superbe ! Tout en délicatesse et un je ne sais quoi, sûrement ce bleuté, qui donne un frisson….
    Merci pour l’émerveillement…

  5. Bonjour,
    J’aime bien cette présentation là.
    La photo 1, c’est ma préférée. Il y a comme une chorégraphie dans cette image. c’est vraiment bien fait. Chapeau bas.

  6. Je rentre du travail, fatiguée… et me voilà rechargé par tes images belles et délicates. Quel cadeau! Je me suis dit du coup que cela faisait un petit moment que je n’avais pas fait ce genre de séance… Et c’est une très bonne idée ton point 2 (je suis déjà adepte du point 1 à fond!!): je commençais à me questionner sur des exercices autour de l’exposition. En tant que musicienne ce type d’exercice est pour moi comme des gammes, ou des vocalises. 😉

    J’adore les 2 dernières: c’est subtil et doux. 🙂

  7. PS: j’ai bien aimé la galerie.

  8. Que c’est beau mais que c’est beau Laurence!!! Et avec la musique d’Agnes Obel en plus, alors là, je suis comblée!! Et j’aime ton post-traitement ainsi que la présentation sous forme de galerie.
    Merci pour tant de beauté! :-))

  9. Et bien je te suis concernant tes 3 raisonnements… Et tu as raison, ces ombelles au graphisme tant photogénique nous offrent des possibilités infinies de prises de vue. Les tiennes sont superbes, ta série, ta musique, je me suis régalée…merci pour ce joli moment Laurence !

  10. J’aime beaucoup ton exercice, tu me donnes envie de sortir tout de suite pour essayer ! Ah zut c’est la nuit. 🙂
    Je suis particulièrement séduite par la douceur abstraite de la 10 et la 1 qui me fait penser à une danseuse. Mais aussi la 9 pour l’opposition entre les tiges dressées et le brouillard flou au dessus.
    Enfin la présentation galerie est parfaite !

  11. C’est un exercice auquel je m’astreins quelquefois, toujours avec plaisir. De ta série, j’aime particulièrement la 4, la 5, la 10 et la 11! J’ai bien aimé aussi le traitement bleu. Quant à la disposition galerie, elle permet de bien comparer chaque image, ce qui dans une série est très approprié. Merci pour cette belle démonstration!

  12. Superbe, c’est vraiment délicat et très frais comme images 🙂
    Pour la démarche c’est une bonne méthode je te suis à 100%
    Encore bravo pour cette série!

  13. Très bonne démarche et le résultat est superbe : j’aime les tons bleus/gris qui s’accordent à merveille avec le sujet !

  14. Merci à vous pour vos gentils mots, comme d’habitude, vous vous doutez bien que cela me fait terriblement plaisir 🙂

    Donc si je comprend bien, cette présentation des images sur la page entière et non les unes en dessous des autres vous plait également. C’est donc noté pour les prochaines fois 🙂

  15. Merci à toi pour cette séance, tes conseils de pratique sont très intéressants ; en ce qui me concerne, je ne m’impose rien, j’ai tendance à me laisser porter. Mais en te lisant, je pense effectivement que cette démarche ne peut être que positive, il faut forcer les choses parfois, la progression passe par là.
    Bien-sûr, je trouve ces images très poétiques, la teinte est douce et la musique est bonne 🙂
    Merci pour cet agréable moment.

  16. Coucou, si je t’ai bien compris, on peut dire que tu as fait de la « slow photo ». Je devrais en prendre de la graine, en macro j’ai un peu tendance à abandonner trop vite si je ne trouve pas assez vite un cadrage qui me plaît. Ceci dit, ta série est un régal pour les yeux. Elle titille en outre l’esprit qui se demande comment ces fleurs d’été peuvent baigner dans une telle atmosphère hivernale. Quant à ton choix musical, il est parfait (Je fais une cure d’Agnes Obel actuellement). Bonne soirée Laurence.

  17. Les photos sortent d’une histoire imaginaire….C’est très beau et elles m’emportent au delà. Bizarrement, le bleu convient parfaitement. J’aimerais pouvoir être aussi disciplinée et pouvoir me satisfaire du cadrage initial. Belle leçon en plus des photos sublimes.

  18. Une série pour le coup très féminine à mon goût où la volupté règne, on y sent cette brise légère sur le visage. La technique, elle, comme souvent m’échappe, mais je reconnais que ce bleu aux accents de gris (grisés peut-être) m’emporte.
    Jnas

  19. @ Marie : eh oui, la photographie passe aussi par ces séances de travail qui ne sont pas toujours très folichonnes. Je suis convaincue pour ma part que ce qu’on appelle « talent » est avant tout travail 🙂

    @ Christine : tiens, je retiens cette formule : de la slow photographie, c’est très très juste. Je crois que cette impression hivernale tient bien entendu à mon interprétation en bleu mais aussi et surtout que j’ai pris ces photos après une averse. Je pense que les gouttes qui restent en suspens (et qu’on aperçoit sur certaines de ces photos) participent amplement à cette sensation de fraîcheur, outre le fait que l’humidité modifie la lumière et la rend en quelque sorte sorte limpide (il s’agissait d’une pluie d’été avec beaucoup de soleil tout de suite après !)

    @ Jonas : oui tu as tout à fait raison, ce sont indéniablement des images de filles !! Je suis ravie que tu y sois sensible 🙂

    @ Awena : tout d’abord bienvenue ici, je ne pense pas t’avoir jamais lue dans ces pages 🙂 Pourquoi dis-tu que « bizarrement » le bleu convient ? Parce que ce n’est pas « naturel » ou les « vraies » couleurs ? Aurais-tu eu la même sensation de « bizarre » si je les avais proposées en n&b ? Ta remarque est très intéressante 🙂

  20. Vraiment superbe. Peu importe les parti-pis de chacun ce qui compte c’est le résultat, il est magnifique .

  21. These are sublime, beautifully processed and presented

  22. waouhhhh… cette série est tout simplement magnifique … j’adore et suis extrêmement sensible à ces prises de vue, à ces teintes, ces flous! un vrai moment d’évasion et de rêverie… 😉

  23. Bonsoir Laurence,
    Comme tu dois t’en douter, c’est une série comme je les aime : toute douce et pleine de poésie. Je note l’astuce du calque photoshop, merci beaucoup (je commence à m’autoformer sur photoshop et ça, je devrais réussir à le faire. 😉 ). Je n’ai pas envie de choisir une image en particulier, c’est un tout, un océan de duveteux.

  24. Bonjour Jean-Pierre, Shooter, Carla et Véro ! Merci pour votre enthousiasme ! C’est vrai que de genre de photos a toujours un effet de poésie et de douceur qu’il est bon de savoir saisir !

  25. […] Chellali prend un sujet…une ombrelle (la fleur)… et tourne autour pour la magnifier. Comme d’hab, c’est […]

  26. Quelle superbe série, il s’en dégage beaucoup d’émotion! Voilà le genre de macro qui me plaît, une vision douce et très subjective, enchantée et lumineuse! Merci de partager ces belles images.

  27. Absolument superbe… Merci pour ce partage !

  28. Très inspirante à lire votre démarche. Superbe étude…et avec la musique!!!! Merci!

  29. C’est moi qui vous remercie, Thursday, Chantall et Sylvain pour vos commentaires élogieux !! A tout bientôt 🙂

  30. Très jolie série toute en douceur… avec un choix de musique tout à fait adapté. J’aime beaucoup ! Bravo 🙂
    Quel objectif as tu utilisé ? J’ai vraiment envie de me lancer dans la macro ces derniers temps, et cette série m’en donne encore plus envie !

    1. Bonjour Lumi Poullaouec et ienvenue à toi ! Merci pour tous les messages que tu as semés par-ci, par-là 😉
      Pour répondre à ta question, il s’agit d’un nikon 105 mm macro 2,8. Et c’est vrai que c’est un objectif tout à fait exceptionnel. Tant mieux si mes photographies t’inspirent !!

  31. Ha !… C’est justement sur celui là que je louche depuis un bon moment… ! 🙂

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