Dans les semaines à venir il risque d’y avoir pas mal de clins d’oeil en direction de mes 2 amies photographes avec qui j’ai passé du bon temps cet été. Aujourd’hui il se tourne du côté de Christine Keller, ma romande préférée 😉 en souvenir d’une magnifique balade dans ses montagnes suisses.
Il faudra que tu m’aides chère Christine car j’ai complètement oublié le nom du refuge où tu nous a conduits. S’agirait-il de celui du glacier le Moiry ?
Je vous convie donc dans un endroit assez particulier, au beau milieu d’un glacier, et plus exactement dans un refuge, que là bas on appelle « une cabane ». Le temps n’était pas de la partie, il faut bien le dire, du point de vue du randonneur : ciel bas, pluie intermittente, visibilité réduite parfois à néant… Mais du point de vue du photographe (enfin disons du mien car l’appareil photo de Christine a rendu l’âme au retour, littéralement trempé de pluie !) ce fut l’occasion de prendre des photos de « non-paysage ». Ce n’était pas compliqué remarquez, il n’y avait rien à voir dehors, malgré les superbes baies vitrées qui agrémentent les murs de cette cabane aux allures très design – cabane soit dit en passant très très bien restaurée et qui sait rester tout à fait discrète dans l’environnement naturel.
En y arrivant après une bonne petite grimpette quand même (j’espère que Christine sera en mesure de nous donner les paramètres de longueur, de dénivelé et tutti quanti !), j’ai immédiatement pensé au film de Jim Jarmusch « Strangers than paradise », où à un moment donné les protagonistes se retrouvent devant une immensité blanche : le paysage est complètement occulté par le brouillard. Mais alors que ce point de vue était l’un des objectifs phares de leur « road trip », ils se sentent malgré tout obligés de dire quelque chose. Et ils ne trouvent rien d’autre à dire que « oh, c’est beau ».
Je me suis retrouvée en face de ce même paradoxe où tout à la fois on ne voit rien, et pourtant, on sent, on sait que c’est beau, là, dehors. Alors j’ai photographié le rien …
Bien sûr, dans ces conditions, la photographie de paysage a ses limites 😉 Aussi je me suis retournée vers l’intérieur et j’ai profité d’un reflet pour essayer de saisir cette ambiance somme toute assez étrange pour un plein mois de juillet.
Et puis tout à coup le temps a commencé à légèrement s’éclaircir. J’ai donc fait des photos de « presque paysage » 😉
Puis tout à coup, plus un seul nuage, et enfin j’ai pu voir où nous étions ! Est-ce que c’est aussi beau que mes photos de non-paysage ? Je ne sais pas … J’aimais bien la poésie du rien …
Pour être tout à fait juste, nous n’aurions pas entamé cette ascension si le temps avait été si mauvais depuis le début. Je partage avec vous une photo prise à mi-chemin. Vous voyez, le ciel était quand même bien dégagé !
Le site de Christine Keller : http://www.regardevoir.net
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Edit suite au commentaire de Christine …
Aaaaah ! C’est super, je ne me souvenais pas que Christine avait réalisé un article sur ce refuge. Le sien a le mérite d’être infiniment plus clair que le mien 😉
C’est drôle car j’ai relu le commentaire que j’y avais déposé, et je lui disais que j’aimerais bien parcourir un jour ce sentier avec elle. Et voilà, c’est chose faite !!! Comme quoi, rien n’est impossible n’est-ce pas ? Par ailleurs, je disais également que par contre j’aurais certainement eu le vertige en voyant ce chemin de crête. Et bien que nenni ! Il faut dire aussi que ce n’était pas vraiment un chemin de crête contrairement à ce que j’avais imaginé en voyant sa photo. La preuve, cette photo où c’est justement elle devant moi (et Môsieur Chellali)
Par ailleurs, quand Christine dit que ce sentier tire fort sur les jambes à la fin, je confirme 🙂 Autant au début il semble tranquillou, je me demande s’il n’y a pas 400 mètres de dénivelé juste à la fin ! Juste une petite photo pour vous donner une idée : on arrive d’en bas quand même 🙂
Et enfin, pour finir, je ne peux résister très chère Christine à partager avec nos lecteurs une photo où effectivement tu étais circonscrite dans l’entrée de ce refuge. Cette photo me fait beaucoup sourire car non seulement la situation n’est pas tout à fait banale, mais en plus, c’est ce qui est écrit sur les poubelles : Déchets, Pet écrasé … Et pour moi, je n’arrive pas à m’enlever de la tête qu’un « pet », c’est un animal de compagnie. Ma pôvre …
Ceci dit, je ne sais pas si tu as remarqué que dans ma photo « presque paysage » (ça ne se voit pas très bien ici sur le site à cette taille d’image), tu apparais dans le reflet. Ceci pour dire à nos lecteurs que tu n’es pas restée là punie tout le temps de notre pause au refuge et que je ne suis pas une cop’s complètement indigne qui te laisse à m’attendre dehors pendant que je rêvasse sur des paysages imaginaires 😉
Les images des paysages sont belles mais les autres sont plus fortes. Il est là, on le sait, on le devine et on ne le voit pas, alors on se le construit, on se l’imagine…
PS les images de Christine Keller sont belles aussi. Pas très étonnant que vous soyez copines!
N’est-ce pas Chri ! La preuve 😉
Et si tu lis l’édit que je viens d’ajouter en fin d’article, tu découvriras que ça fait un bout de temps que ça dure en plus …
Donc, si je comprend bien, tu fais partie des rêveurs et des constructeurs de paysages toi aussi 😉
je n’ai pas vu les images de Christine Keller mais j’aime beaucoup celles de tes non paysages, si douces, si oniriques
les autres en NB me semblent plus austères, plus dures
peut être qu’en ce moment j’ai besoin de rêves, de douceur, qui sait?
Bonjour chère Christine 🙂
Oh, oui, tu as toujours besoin de douceur toi, tu es une tendre indéniablement ! Je suis heureuse alors de t’en donner 🙂
merci, tu es trop bonne!
sur skype un de ces jours?
Yes !!!
Pour avoir vécu longtemps en partie en suisse et en partie en haute savoir, je comprend tellement bien ce que tu as ressenti pendant cette journée. Ta 1ère photo de « presque paysage » c’est tellement bien ça. Probablement des conditions météos qui proposent des visions souvent différentes en fonction des écharpes de brumes.. J’aime ça.
Bonjour Dominique !
Comme quoi, il n’y a pas que femme qui varie et que la montagne elle aussi nous offre son lot de surprises.
Blague à part, c’est vrai que ce sont des aléas qui font aussi que la montagne peut être si traître et que finalement, les paysages « carte postale », même s’ils sont fréquents, ne durent pas forcément des heures et des heures. Mais c’est aussi ce qui en fait son charme et qui font qu’elle se mérite 😉
Tes dernières photos dévoilent le mystère des premières qui m’ont totalement séduite, car, effectivement, elles laissent la part belle à l’imagination ; la vérité des dernières me donnant juste la dimension de mes rêveries peut-être…
Bonjour Marie-Laure,
En lisant tes pensées (et celle des autres commentateurs car vos opinions se rejoignent semble-t-il) il m’est venu la réflexion suivante : il est étonnant que la photographie, sensée être fidèle à la représentation du monde, donne finalement tant à rêver. Vous semblez être tous bien plus séduits par mes « non-paysages » qui donnent la part belle au rêve et à l’imagination que par celles qui décrivent d’avantage et devraient donc être, par la définition courante, plus « photographiques ». Paradoxal ? Je ne crois pas, mais c’est un exemple dont je me resservirai si j’ai une discussion autour du « réalisme photographique » – ce qui m’arrivera certainement bien vite compte-tenu des présupposés si répandus autour de la photographie. Merci Marie-Laure de m’avoir donné cette idée !!!
J’aime beaucoup l’ambiance épurée des 3 premières. Un comble, quand on pense à l’effort fourni pour se hisser dans les belles montagnes !
Bonjour Dominique !
Je ne crois pas que nous nous connaissions encore alors j’aimerais avant toute chose te souhaiter la bienvenue dans ces pages 🙂
Oui, c’est effectivement un comble ! Et je me suis souvent demandé comment décrire le plaisir de la marche en montagne à des gens qui ne le connaissent pas … car c’est pour moi-même un mystère ! Comment expliquer qu’on éprouve du plaisir à suer, faire des efforts, avoir mal au pieds, au dos, aux jambes et j’en passe. Je me demande si pour ma part, ce n’est pas pour justement le plaisir des pauses 😉
Ceci dit, je crois que j’ai été sincèrement ravie qu’il fasse ce temps en haut, car photographiquement, j’ai éprouvé un réel plaisir et amusement !
Donc finalement, je peux dire que cette balade a été à 100% réussie !!!
Merci pour cet accueil. Je te suis sur FB et sur ton blog (plus facile qu’en montagne) où je suis arrivé à la suite de votre expédition commune avec Anne-Laure. J’aime l’ambiance, et la photo, bien sûr.
Mais c’est un plaisir Dominique !
Et bien ma très chère cops, tu as tout juste, c’est bien de la Cabane de Moiry dont il s’agit:-) et je suis sûre que jamais personne de l’a immortalisée à ta façon. Ta capacité à photographier le « rien » m’épate sincèrement et je découvre tes photos avec grand plaisir. Faut dire que pendant que tu capturais le néant à l’intérieur, je me gelais dans le hall d’entrée avec mon pauvre chien (tout aussi transi de froid) interdit d’entrée dans le bâtiment:-( Heureusement que l’ambiance au cours de la journée était des plus chaleureuse. Pour revenir à cette cabane ou refuge de montagne, elle est située à 2825 m. d’altitude. On y accède en un peu moins de deux heures et 475 m. de dénivelé. C’est une cabane que l’on peut qualifier de facile même si la dernière côte met les mollets et la pompe à l’épreuve. Elle est composée de deux parties. Une ancienne en pierre date de 1920. Une annexe complètement contemporaine a été bâtie en 2010. Le tout s’intègre parfaitement dans cet univers minéral à l’austère beauté. Pour ceux que cela intéresse, j’y ai fait quelques photos il y a trois ans. Elles n’ont pas la poésie de tes images mais ont le mérite de donner une bonne idée du lieu (par beau temps!).http://regardevoir.net/luxe-au-sommet/. Brrrr… avec tout ça il me faut bien un thé pour me réchauffer…. Bonne soirée et à bientôt Laurence.
Bonjour ma très chère cop’s !
Aaaaah, donc ma cervelle de limace endormie ne m’a pas joué de tour pour cette fois-ci alors 😉
Ca m’a fait réellement plaisir de re-découvrir l’article que tu avais fait à l’époque et tu remarqueras que du coup j’ai fait un « édit » à mon « clin d’oeil bis »… je n’ai pas résisté …
Très beau reportage de ce bel endroit (je viens de découvrir le lieu grâce au lien de Christine). Ton regard est magique malgré une météo très austère. Je suis complètement fan de la 5ème !!
Bonjour Isa !
Oh, je crois qu’il ne s’agit pas vraiment d’un reportage au sens strict vu que c’est vous qui construisez le paysage qui manque 😉 Ton message est vraiment très gentil et je suis heureuse d’avoir apporté de la magie comme tu dis !
et bien comme tu le dis ce rien est superbe. J’aime l’immensité cachée, dissimulée! Elle est mystérieuse et poétique. J’aime beaucoup les photos 2 et 3.
La photo à mi parcourt est aussi superbe. Elle impressionne. En outre de superbe post traitement!
Bonjour Françoise !
En ce moment, je vois effectivement beaucoup en noir et blanc extrême (enfin, pas un vrai noir et blanc, plutôt un crème et gris très sombre pour être juste) et j’espère que je ne vais pas vous lasser de ce « toc » !
Je te propose d’aller lire la réponse que j’ai faite à Marie-Laure car ta réflexion m’amène exactement sur le même chemin de pensée 🙂
Merci pour ton message !
Je ne vais pas faire dans l’exceptionnel… les « presque rien » me séduisent et me touchent.
Et le « presque paysage » me plaît beaucoup.
Ici, les matins brumeux commencent à se montrer, c’est bien de me montrer le chemin, c’est aussi cela être le premier de cordée, non? 😉
Bonjour Cécile !
Disons que pour apprécier ce genre de photos « brumeuses » il faut avoir, à mon avis, un certaine propension, si ce n’est une propension certaine à la rêverie et à l’imaginaire. Et je ne doute pas un seul instant que tu les as 😉
C’est sombre et minéral à souhait, avec une pointe de brume qui apporte sa touche à l’ambiance. J’aime particulièrement la première et surtout la dernière de ta série, le format portrait de cette langue de glace et de cette montagne.
Bonjour Ronan,
Minéral, c’est sûr ! A cette altitude il n’y a pas un seul coin de verdure en vue 🙂
Comme je le disais à Françoise, je verse très sérieusement en ce moment dans la « sombritude ». Mais connaissant tes photos, je sais que ce n’est pas pour te déplaire, tu t’y connais toi aussi 😉
Sacrée Laurence, ton édit m’a fait fait sourire après une grosse journée de boulot. J’avais oublié m’être « écrasée » à côté du pet et des déchets et avoir faità ce point là la mémère à son chienchien 😉 Mais tu sais, ce que je retiens surtout des photos que tu publies en seconde partie de ton billet, c’est à quel point elles sont différentes de ta première volée d’images. Elles révèlent toute la qualité de ton travail de post-production sur ces dernières et ton savoir-faire artistique. Top! A bientôt pour de nouvelles aventures ma cocotte:-)
Re-bonjour Christine !
Ah ! effectivement, ces photos « d’édit » n’ont rien à voir avec les autres et je n’avais pas du tout prévu de les publier, préférant les garder dans la catégorie « photos souvenir ». J’ai bien entendu hésité à leur faire subir ma moulinette de « sombritude » histoire de garder une cohérence avec le reste, mais je ne sais pas pourquoi, ça n’a pas fonctionné. Est-ce que ce n’était plus le moment, est-ce que ce n’était plus le sujet, est-ce que ce sont les photos qui ne s’y prêtent pas ou est-ce que c’est ma perception de ces moments qui est à ce point différente ? Je ne sais pas …
… Et tu n’es pas une mémère à son chienchien !!!!
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