La dernière page a été tournée.
Mais l’histoire a laissé des traces et le laisse rêveur. Elle raisonne dans sa tête et trouve un écho dans son imaginaire. Il s’est transporté, le temps d’un livre, dans une contrée lointaine qui l’attire. Il n’arrive pas à quitter ces feuilles de papier qui le faisaient voyager. Alors, la dernière page tournée, il continue sans elles. Pour rejoindre la légende. Ou rejoindre l’émotion qui l’étreignait. C’est diffus…
Il rêve de ne pas avoir fini pour ne pas avoir à quitter cet ailleurs qui lui plaisait tant ; il rêve de se glisser entre les pages et d’entrer dans l’histoire ; il rêve d’être un héros. Ce n’est qu’un homme… parmi d’autres…
Et ce n’est qu’un livre.
Fini, il rejoindra ses congénères sur les piles qui s’entassent au gré des aléas (car les bibliothèques sont toujours trop petites !) et il essaiera, tant bien que mal, de se mettre en bonne posture pour séduire un autre lecteur, histoire de se faire effeuiller à nouveau par d’autres mains, histoire de se soumettre à un autre regard… Mais il peut, aussi, terminer étouffé de poussière ou, pire, enfermé dans une malle, où les mots qu’il protège se figeront dans le temps.
Il rêve d’être usé à force d’être lu ; il rêve de devenir doux à force d’être caressé, il rêve de voir ses feuilles jaunir par la lumière du soleil ; il rêve d’être un livre de chevet ou un livre fétiche dont on se lasse pas ; il rêve d’être un best seller. Ce n’est qu’un livre… parmi d’autres…
Mais la rencontre a eu lieu : un homme, un livre. C’est toute une histoire, nouvelle et unique, qui commence à chaque lecture. Un rêve d’ailleurs…
Merci Marie-Laure d’avoir si bien mise en texte la photo que je t’ai envoyée ! Il faut bien dire qu’elle n’était pas si facile que ça à interpréter, elle raconte tant de choses avec son jeu de superpositions et de transparences !
Ton magnifique texte me renvoie à un livre dont je vous recommande la lecture : L’ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon. C’est l’histoire d’un livre parmi d’autres et dont un jeune homme changera la destinée malgré l’entêtement de son auteur à le faire disparaître. Je ne vous en dit pas plus, ça se passe dans le Barcelone des années 1945, c’est plein de mystères et ce récit nous transporte dans un monde mêlant fantastique et vie quotidienne.
Pour finir, j’ai pris cette photo à Gênes. J’étais devant une vitrine plus ou moins désaffectée et ce jeune homme pensif se reflétait dedans. C’était un joli tableau !
je suis émerveillée !
d’abord le support : je viens de lire ton explication qui enlève peut etre le charme de ta photo ? non ? mais qui satifait par contre pleinement ma curiosité sur le comment de cette photo … il est vrai que les vitrines nous renvoient bcp de choses et , la , je dois dire que « le tableau » comme tu le dis si bien est superbe !
maintenant le texte : très très bel éloge au livre ! vraiment ,au plongeon dans l’histoire , à la tristesse du mot FIN , à la vie du livre dans l' »après » …j’adore ce texte de marie laure .
Quand j’ai aimé un livre , un disque, je ne peux m’empêcher de le prêter , d’en parler , j’ai envie que quelqu’un de proche de moi partage ce plaisir …
C’est pour ça que j’aime beaucoup l’idée de ….(trou de mémoire ) tu sais quand on laisse des livres dans un jardin public , offert aux promeneurs , zut je sais plus comment ça s’appelle !
bon en tous cas quel beau duo …
Trés belle illustration de traversée mélancolique, merci à vous deux. Lumineux!